Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/424

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toujours il s’échappe. S’il vous arrive de le revoir et que vous cherchiez à le poursuivre, il plonge une seconde fois le long du bord, s’accroche par les pieds aux racines des arbres et des plantes, et reste là jusqu’à ce que la vie l’abandonne. S’il est tué roide sur l’arbre, il se cramponne quelquefois si fort aux branches, qu’il faut attendre plusieurs minutes avant qu’il tombe.

Quant à cette opinion que l’Anhinga nage toujours le corps enfoncé sous l’eau, c’est une erreur complète : il ne le fait qu’en présence d’un ennemi ; mais s’il n’appréhende aucun danger, il se laisse aller, en flottant à la surface, avec autant d’aisance et de grâce qu’aucun autre oiseau plongeur, cormoran, harle, grèbe ou plongeon proprement dit. Dès qu’il aperçoit un ennemi, il commence à s’enfoncer plus avant, comme c’est l’habitude de ces derniers ; et à mesure que le danger s’approche, il disparaît peu à peu, jusqu’à ne présenter au-dessus de l’eau que la tête et le cou, qui, d’après leurs formes et leurs mouvements, rappellent assez bien la tête et partie du corps d’un reptile ; et c’est de cette circonstance même qu’il tire son nom d’Oiseau-serpent. On le voit alors constamment tourner la tête de côté et d’autre, et ouvrir souvent le bec, comme pour aspirer une plus grande quantité d’air, et se préparer à rester sous l’eau assez longtemps pour ne revenir à la surface que lorsqu’il sera hors d’atteinte. Lorsqu’il pêche sans que rien le trouble, il plonge précisément à la manière du cormoran, puis reparaît dès qu’il s’est procuré quelque autre poisson ou un bon morceau ; il le secoue, et quand il n’est pas trop gros, le