Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/438

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de différentes sortes de smilax et autres plantes, au milieu desquelles on apercevait de nombreux nids de hérons. Plus haut enfin, les bihoreaux avaient aussi fondé une colonie.

» J’avançais péniblement, et, à chaque instant, les obstacles se multipliaient ; l’eau devenait plus basse, la vase moins résistante et plus profonde, et mon domestique avait toutes les peines du monde à manœuvrer le petit bateau parmi les vignes et les joncs qui l’accrochaient. D’énormes chênes et des cyprès non moins vénérables dressaient leur tête vers le ciel, tandis que les branches et le tronc disparaissaient sous une épaisse couche de mousse d’Espagne qui pendait en longs filaments jusqu’à la surface de l’eau, et y faisait du jour la nuit. De gros alligators se vautraient dans la fange, ou, du haut des vieilles souches qui de tous côtés nous barraient le passage, plongeaient avec bruit au milieu du marais. On ne voyait que tortues, serpents et reptiles grouillant et nageant autour de nous. Ma situation n’était pas du tout agréable, et d’autant moins que j’étais obligé de m’escrimer sans relâche contre des légions de moustiques, et de veiller non moins attentivement à ne pas chavirer dans un bourbier pareil. Nous avancions donc très lentement ; cependant nous avancions, et nous finîmes par arriver dans un espace libre, entouré d’arbres d’une grosseur médiocre et où je découvris devant moi le nid de l’Anhinga que nous avions d’abord aperçu. La femelle était dessus ; mais quand elle nous vit approcher, elle grimpa en s’aidant de son bec, sur une branche élevée d’environ un pied,