Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/439

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et resta là, le cou tendu, immobile comme une statue. Il était cruel de la troubler dans sa paisible solitude ; mais des naturalistes s’inquiètent-ils de cela, lorsque après une longue attente, ils ont l’objet qu’ils poursuivaient, devant les yeux, et pour ainsi dire sous leur main ! Nous n’en étions plus qu’à vingt pas ; je dirigeai vers elle le canon de ma courte carabine, et, au même instant, le coup partit ; mais le balancement continuel du canot, peut-être aussi le défaut d’assurance de ma main qui n’avait pas l’habitude de cette arme, lui sauvèrent la vie. Elle était restée dans la même position, sans faire un seul mouvement : je rechargeai et tirai trois fois de suite sans la toucher ; enfin une balle ayant coupé la branche sur laquelle elle se tenait perchée, elle déploya ses grandes ailes noires, et s’élançant d’un bond dans l’air, fut bientôt hors de vue, et je l’imagine, à l’abri de tout autre danger. »

M. Bachman s’étant aussi procuré des œufs et des petits de cette même espèce, ce sont encore ses observations que je vais transcrire ici.

« J’avais rapporté chez moi trois jeunes Oiseaux-serpents ; deux vinrent bien tout d’abord et commencèrent à s’apprivoiser ; le troisième fut confié aux soins d’un de nos amis. L’un de ceux que j’avais gardés s’éleva parfaitement ; mais l’autre, par la négligence de mon domestique, mourut au bout de quelques semaines, pendant une absence que j’avais été obligé de faire. Du temps que ces deux derniers étaient dans la même cage, je m’amusais à voir le plus petit, quand il avait faim, faire tous ses efforts pour introduire son bec dans celui