Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/472

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il a manqué le but, il se renlève en battant sans cesse des ailes ; secoue sa queue de côté et d’autre, en ramenant sur ses pieds largement palmés les sous-couvertures de cet excellent gouvernail ; puis, tout d’un coup, part en ligne droite ; et quand il a rencontré un souffle d’air suffisant pour soutenir son essor, remonte par degrés jusqu’à la hauteur où il se tenait d’abord, et là recommence à chercher fortune.

Au milieu de grands coups de vent, j’ai vu le Fou continuer de s’avancer contre la rafale, et même gagner beaucoup de terrain, en se plaçant le corps de côté ou dans une direction oblique qu’il changeait alternativement, ainsi que font les pétrels et les guillemots. Il m’a semblé même qu’alors son vol était plus rapide qu’en aucun autre moment, si ce n’est lorsqu’il fond sur sa proie. Les personnes qui l’ont observé pendant qu’il travaille à se procurer la nourriture seront, comme moi, fort étonnées de lire dans certains auteurs « qu’on n’a pas connaissance que les Fous plongent jamais, et que cependant il arrive assez souvent qu’on en prenne au moyen d’un poisson attaché à une planche qu’on a plongée dans l’eau à une profondeur de deux brasses ; et que, dans ce cas, on retire toujours l’oiseau avec le cou disloqué, ou le bec solidement fixé dans le bois ». Devant de pareilles assertions, on croirait avoir été le jouet de ses propres yeux, si l’on n’avait eu soin de noter exactement le résultat de ses longues et minutieuses observations ; et comme c’est là ce que je n’ai jamais manqué de faire, je vais vous soumettre les miennes, cher lecteur, et vous me permettrez de ne