Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/503

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du Cycnus americanus de Sharpless est la seule qui soit abondante dans nos États de l’Atlantique ; tandis que le grand Cygne ne se trouve que rarement, pour ne pas dire jamais, à l’est des bouches du Mississipi. Quant au petit, mentionné par Lewis et Clark, le docteur Townsend m’en a envoyé, de la rivière Colombie, un échantillon qui ne laisse rien à désirer ; et j’ai pu m’assurer que, de tout point, c’est bien le même que le Cycnus americanus de Sharpless. Le docteur Townsend vient enfin corroborer l’opinion des deux éminents voyageurs, lorsqu’il constate que les individus, dans cette dernière espèce, sont beaucoup plus nombreux que ceux du grand Cygne, ou Cycnus buccinator, dont je vais commencer l’histoire.

Vers la fin d’octobre, les Cygnes trompettes font leur apparition sur les parties basses des eaux de l’Ohio. Tous à la fois, ils descendent sur les lacs ou les vastes étangs, sans beaucoup s’éloigner de la rivière, et donnent une préférence marquée à ceux qu’enferme une ceinture épaisse de grands roseaux. C’est là qu’ils se tiennent jusqu’à ce que la surface entière soit prise par la gelée, qui les force alors à s’avancer plus au sud. Dans les hivers doux et jusqu’aux premiers jours de mars, j’ai vu des Cygnes de cette espèce sur les étangs, au voisinage de Henderson ; mais ce n’étaient que quelques individus qui peut-être s’étaient arrêtés là pour se guérir de leurs blessures. Quand le froid devenait vif, la plupart de ceux qui visitaient l’Ohio gagnaient le Mississipi, pour descendre par degrés ce fleuve, à mesure qu’augmentait la rigueur de la saison ; ou bien, au