Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/504

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contraire, ils le remontaient, si le temps devenait plus favorable. J’ai cru remarquer, en effet, que ni le grand froid ni la grande chaleur ne leur convenaient aussi bien qu’une température moyenne. J’ai pu suivre leurs migrations vers le sud, jusqu’au Texas, où parfois cette espèce abonde, et où j’en ai vu en captivité un couple de jeunes parfaitement apprivoisés et qu’on avait pris dans l’hiver de 1836. Ils pouvaient avoir deux ans, étaient d’un blanc pur, mais d’une apparence relativement chétive : peut-être n’avaient-ils pas eu à manger leur content, ou bien quelque blessure les faisait-elle encore souffrir. Leurs notes bien connues me rappelaient les jours de ma jeunesse, ce temps hélas ! déjà si loin, où je passais la moitié de l’année au milieu des nombreuses troupes de ces oiseaux.

À la Nouvelle-Orléans, on voit souvent, dans les marchés, des Cygnes trompettes tués sur les étangs de l’intérieur et les grands lacs aboutissant au golfe du Mexique. Cette espèce n’est pas connue de mon ami le révérend John Bachman, qui, durant les vingt années de sa résidence dans la Caroline du Sud, n’en a jamais rencontré un seul, et même n’en a pas entendu parler ; tandis que le Cygne américain même, dans les hivers rigoureux, est loin d’y être rare, quoiqu’en général il ne dépasse guère le midi de cet État. Les eaux de l’Arkansas et ses tributaires sont, chaque année, visités par le Cygne trompette ; et le plus gros que j’aie jamais vu avait été tué sur un lac, près la jonction de cette rivière avec le Mississipi : son envergure était environ de dix pieds, et il ne pesait pas moins de trente-huit livres.