Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/68

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Rien n’est amusant comme de les observer au moment des amours, lorsque les mâles commencent à chercher des compagnes : au lever du soleil, vous les voyez arriver et descendre sur les bords de quelque large banc de sable ou sur une savane. Ils viennent de différents quartiers, l’un après l’autre et pendant plusieurs heures. Vous en avez quelquefois devant vous quarante ou cinquante, et même, aux Florides, j’en ai vu des centaines s’assembler ainsi dans le courant d’une matinée. Ils sont alors dans toute leur beauté, et l’on ne remarque point de jeunes parmi eux. Ces mâles se pavanent d’un air important et jettent le défi à leurs rivaux ; tandis que les femelles font les belles de leur côté et poussent toutes à la fois leur cri d’appel, pour les enflammer et solliciter leurs caresses. Il n’est aucun de ces fiers champions que ne transporte un égal désir de plaire, et qui par suite, dans chaque prétendant, ne rencontre un ennemi toujours prêt à commencer l’attaque. Brutalement, avec fureur, sans la moindre courtoisie, ils s’élancent l’un sur l’autre, ouvrant leur bec redoutable et se battant les flancs de leurs ailes. Il semblerait qu’un seul coup bien appliqué dût suffire pour terminer la querelle ; mais ils sont sur leurs gardes : plusieurs passes sont échangées, les coups succèdent aux coups ; le plus habile maître d’escrime ne parerait pas mieux. J’ai vu de ces combats durer plus d’une demi-heure, sans que mort s’ensuivît ; mais souvent aussi, l’un des deux reste sur le carreau, brisé et tout meurtri, ce qui arrive quelquefois même après que l’incubation a commencé. Quand la paix est faite, mâles et femelles s’envolent