Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/73

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pète, il n’est ni corneille, ni jeune aigle que je ne leur préfère en toute saison.

Le grand Héron bleu se nourrit principalement de poisson ; mais il mange aussi des grenouilles, des lézards, des serpents et des oiseaux, ainsi que de petits quadrupèdes, tels que musaraignes, mulots et jeunes rats. Il ne dédaigne pas non plus les insectes aquatiques et sait très adroitement attraper, soit au vol, soit par terre, mouches, scarabées, papillons et libellules. Il détruit une grande quantité de poules d’eau, râles et autres oiseaux ; mais je n’en ai jamais vu prendre de crabes ; et les seules graines que j’aie trouvées dans son estomac étaient celles du grand lis d’eau de nos États du sud. Il frappe toujours sa proie d’un coup de bec, de manière à lui transpercer le corps le plus près possible de la tête. Quand l’animal est fort et vivace, il achève de le tuer en le battant par terre ou contre le roc ; après quoi, il l’avale tout d’une pièce. Un jour, sur la rivière Saint-Jean, dans la Floride, j’en tuai un que j’ouvris et dans l’estomac duquel je trouvai une jolie perche encore toute fraîche, mais dont la tête avait été coupée. On la fit cuire, et elle me parut excellente, ainsi qu’au lieutenant Piercy et à mon aide, M. Ward ; mais M. Leehman ne voulut pas même en goûter. Un de mes amis, John Bulow, avait, à diverses reprises, apporté de New-York des dorades pour les mettre dans un étang bien enclos d’un mur et que traversait un petit ruisseau ; mais, quelques jours après les y avoir lâchées, il les voyait toutes disparaître. Instruit de cette circonstance et soupçonnant quelque