Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/130

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autres avaient été frappés par des balles de 86, ou de 74. Les rebelles n’avaient été armés efficacement que par les prises effectuées dans les postes enlevés.

L’autorité qui, nous le verrons, avait semé l’esprit de révolte parmi les indigènes, par une politique inintelligente, n’avait pas, au point de vue militaire, fait preuve d’une plus grande prévoyance qu’au point de vue administratif.

Les troupes étaient en nombre largement suffisant pour maintenir l’ordre et réprimer des soulèvements forcément localisés, à cause de la multiplicité de tribus sans lien entre elles, le plus souvent ennemies. Mais ces troupes avaient été dispersées dans des postes, aux garnisons d’autant plus faibles que les postes étaient plus nombreux. Ces garnisons, réduites à quatre ou sept tirailleurs comme à Manantenina et à Ranomafana, ces détachements comptant dix ou douze fusils comme celui commandé par le sergent Casalonga, devaient être submergés au milieu des insurgés : leur armement passait aux mains des fahavalos. Cette situation paradoxale s’établit, que, s’il n’y avait pas eu de troupes, les rebelles n’auraient pas pu s’armer. Dès le début de l’insurrection, les opérations militaires furent mal dirigées (affaire Baguet, promenades du capitaine Quinque, tergiversations du commandant Leblanc, échec de Iabomary, etc.) Ainsi, ce fut l’insuffisance même du commandement qui arma et développa l’insurrection. La situation en arriva à cet état quelque peu humiliant : deux mille hommes de troupes régulières, à la poursuite de quelques indigènes, armés de fusils français, modèle 86. La lutte ne se termina que par la fatigue des insurgés au bout de neuf mois.

Les opérations militaires, dans chacune des pro-