Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/146

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l’événement sur le gouvernement central de Madagascar qui avait décidé, contre leur avis, l’augmentation de la taxe de capitation.

Cette opinion, on le conçoit, ne pouvait être celle de Tananarive et dès le 26 novembre, le gouvernement général télégraphiait à Farafangana :

« Taux de l’impôt me paraît cause superficielle, pas suffisante pour motiver semblable mouvement. Inclinerais plutôt à penser que avons trop attendu pour appliquer à ces populations régime des provinces voisines[1]. Elles ont vu dans cette marque de bienveillance un signe de faiblesse ».

En fonctionnaire discipliné, M. Benevent, commandant la province de Farafangana, se rangea à l’opinion de son chef : la révolte ne pouvait résulter de l’accroissement de l’impôt. Dans un rapport du 8 décembre, qui fut communiqué au ministère, dans une note confirmative écrite à tête reposée en octobre 1905, il explique ainsi l’origine de l’insurrection :

« L’esprit le plus dépourvu de préjugés estimait à priori, qu’une semblable insurrection ne pouvait pas se produire sans motifs graves.

Une des raisons, la plus généralement acceptée, est que l’insurrection a été une protestation des indigènes contre l’augmentation de l’impôt.

Quelques personnes ont supposé que la révolte avait été suscitée par des mesures vexatoires, dont les populations cherchaient à tirer vengeance.

En réalité aucune de ces hypothèses ne doit être acceptée, quoiqu’il faille tenir compte de l’une et de l’autre. Que les indigènes aient protesté contre l’élévation du taux de l’impôt, cela est indiscuta-

  1. C’est-à-dire le taux de la capitation de ces provinces, supérieur, jusqu’en 1904, à celui de la région insurgée.