Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/28

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

À ce moment la troupe se trouve réduite aux deux officiers, à 6 tirailleurs valides et au caporal indigène.

Un feu bien dirigé arrête un instant la poursuite, mais les assaillants quittent la route, se répandent dans la brousse qui la borde et tirent sans répit ; les officiers distinguent le tir des 74, d’un ou plusieurs Lebel, de fusils baras enfin, faisant plus de bruit que de mal, aux coups largement espacés en raison du temps nécessaire à les recharger.

Au pas gymnastique, la troupe gagne la crête suivante où elle reste deux minutes, le temps de tirer 6 ou 10 cartouches. Nouvelle course jusqu’à la crête suivante ; au départ le tirailleur Andrianalazavalo tombe frappé au jarret. Personne ne peut l’emporter : il est abandonné, son fusil et ses cartouches sont pris par un valide (N° 5).

Quelques pas plus loin, le tirailleur Rafakalahy a la cuisse traversée par une balle ; il continue à courir, passe son fusil à un autre tirailleur.

Arrivés à leur troisième halte, les officiers n’ont plus avec eux que cinq tirailleurs, dont deux sont embarrassés par plusieurs fusils. Abrités derrière la crête et un gros arbre mort, les officiers, par leur tir, arrêtent encore l’ennemi ; mais il ne reste que quatre cartouches.

Janiaud en se soulevant pour se porter un peu à gauche, reçoit une balle qui coupe la bretelle de son fusil et le touche à la cuisse droite, où elle creuse un sillon large et profond : l’hémorragie est abondante.

— Pouvez-vous marcher, dit Baguet ?

— Oui, l’os n’est pas atteint.

— Alors, tâchons de gagner cette autre crête où nous nous ferons tous tuer : nous n’avons plus