Page:Augagneur, Erreurs et brutalités coloniales, Éditions Montaigne, 1927.djvu/85

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des tirailleurs, envoyait précipitamment dans les bois ses bœufs, ses femmes, ses enfants.

Le combat s’engagea et devint ardent vers 8 heures. Les divers groupes : l’avant-garde sous les ordres du caporal Rougé, le peloton de tirailleurs commandé par le lieutenant Petitjean, celui du lieutenant Foulon, les miliciens du garde principal Calendini, entrèrent tous en action, dans une assez grande confusion, se heurtant à une resistance obstinée, subissant même des contre-attaques vigoureuses.

Finalement les indigènes battirent en retraite devant une poussée énergique du lieutenant Petitjean. Ils gagnèrent la lisière de la forêt, et s’y arrêtèrent quelque temps.

À 10 h. 50, le champ de bataille demeurait aux mains de la colonne Quinque : les insurgés se reformaient à deux kilomètres à l’est, sur une hauteur dominant de trois cents mètres celle d’où ils étaient chassés.

Le capitaine Quinque revint à son bivouac de la nuit, ne pouvant pénétrer en forêt et attaquer une position jugée très forte.

Ce fut la première rencontre des troupes françaises avec les indigènes, rencontre inévitable, nécessaire. Les Français ne pouvaient rester inactifs, ne pas punir les assassins de Vinay, d’Alfonsi, la traîtrise de Befanhoa. Ils devaient rétablir leur autorité, montrer aux révoltés l’inutilité de leur rébellion, leur impuissance devant nos armes.

L’insurrection avait surtout déterminé une explosion de sauvagerie ; les indigènes étaient retournés d’emblée à leurs habitudes de violence, de cruauté ; la répression s’imposait, indispensable