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Page:Augier - Théatre complet, tome 4.djvu/119

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Pommeau.

Moi ?

Madame Charlot.

Ou votre femme, ce qui revient au même, et puisque vous aimez les experts, nous en pourrons prendre. Sans aller plus loin, j’obtiendrais un jugement rien que sur ce mobilier-ci.

Pommeau.

Mais, madame, tout ceci est d’occasion..

Madame Charlot.

Je les connais ces occasions-là, j’en vends ! Vous m’avez surprise en train d’inventorier par manière de passe-temps. À combien vous revient cette garniture de cheminée, s’il vous plaît ? Cinq cents francs, n’est-ce pas ? J’en offre mille écus.

Pommeau.

Mille écus !

Madame Charlot.

Argent sur table, et j’y gagne ! Et ces rideaux à quarante francs le mètre, et cette double moquette, et ce damas de soie… Tout cela d’ailleurs est en rapport avec le train que vous menez ; dîner tous les samedis, bals, spectacles, toilettes de madame qui ne sort pas à pied… vous ne vous attendiez guère à me trouver si bien au courant ? Je suis prudente… je ne m’avance qu’à bonnes enseignes, et sur mon livre de crédit on pourrait jauger, à un sou près, les maris de toutes mes clientes. (Silence.) Vous vous taisez maintenant, atteint et convaincu de trente mille livres de rente !

Pommeau.

Madame !