Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/255

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Marguerite.

Et avec quoi, mon Dieu ?

Raoul.

Avec toute la courtoisie dont je suis capable.

Marguerite.

Hélas ! on ne fait plus crédit là-dessus.

Raoul.

Et pour quoi comptez-vous notre paravent, s’il vous plaît ? un paravent superbe qu’Henri a peint, une œuvre d’art, que nous allons troquer contre son pesant d’or.

Marguerite.

Vous croyez ?

Raoul.

Parbleu ! il représente Roméo et Juliette.

Marguerite.

C’est le sujet de ma chanson. Oui, monsieur, Roméo et Juliette, ni plus ni moins. Vous connaissez l’histoire. Il s’en va, ce jeune homme ! il quitte sa maîtresse, il a un pied sur l’échelle de soie, ça lui fait de la peine et il dit… M’écoutez-vous ?

Raoul, qui s’est mis à cheval sur une chaise à droite.

Je suis au balcon des Italiens… Eh bien, il lui dit ?

Marguerite, chante.

Air :

L’heure a sonné… pourtant ta main
Est encor dans la mienne ;
Il est déjà presque demain…
De moi qu’il te souvienne !
Épargne-moi : ne pleure pas…