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SCULPTURE


Le dessin de tout côté, en sculpture, c’est l’incantation qui permet de faire descendre l’âme dans la pierre. Le résultat est merveilleux : cela donne tous les profils de l’âme en même temps que ceux du corps.

Celui qui a essayé de ce système est à part des autres.

Ce dessin, cette conjuration mystique des lignes qui captent la vie !

Ces choses ont été connues. Elles nous appartiennent comme elles appartenaient aux anciens, aux Gothiques, aux Renaissants. Elles nous reviennent.


Réalité de l’âme que l’on peut mettre dans une pierre, que l’on peut emprisonner pour les siècles ! C’est notre désir de posséder, d’asservir et d’éterniser que nous mettons sur ces yeux, sur cette bouche qui vont vivre et parler.


Ne connaîtrions-nous pas la géographie de notre corps ?

Ce sein est amené par des pentes éloignées qui tournent insensiblement. Tout s’appuie sur des formes générales qui s’entre-prêtent leurs lignes et sont tissées les unes des autres. C’est un concert de formes.

Là l’intelligence observe leur concordance, leur unité, les soupèse. Concordances moins éloignées que nous ne croyons : car nous avons tout divisé par l’esprit, sans pouvoir reconstruire.

Cette forme première de l’intelligence, cette synthèse appartient à peu de gens. La comprend mal celui qui ne l’a pas trouvée par lui-même.