Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/107

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en abondance d’excellents grains. Les historiens ont consacré le souvenir de la mémorable année 1583, où cinq köböl (12 hectolitres) de blé valurent cinquante kreutzers hongrois[1], et où quatre-vingt-dix bouteilles de vin se vendirent deux florins[2]. Aussi cette capitale était-elle appelée kincses Kolosvár, « la riche Clausenbourgs ». Malheureusement de nombreux incendies, et surtout les fléaux de la guerre, arrêtèrent l’essor de la population. Dans l’espace de deux ans les habitants de Clausenbourg durent payer 168 000 thalers aux Turcs. Une autre fois le général Basta, qui combattait pour l’empereur, leur enlevait cent mille florins. À force de payer tribut, la riche capitale perdit son surnom. Elle a toutefois gardé quelque mérite suivant de certains amateurs, et, pour rendre cette ville intéressante aux yeux de ceux que les antiquités touchent peu, nous dirons que le pain y est excellent, et que la choucroute de Clausenbourg, Kolosvári káposzta, a une réputation méritée.

La ville contient quelques vieux bâtiments qui montrent quelle fut dans l’origine sa physionomie. On a récemment abattu la maison du sénat, dont la façade était décorée de vénérables peintures allégoriques. De toutes les portes fortifiées qui défendaient l’entrée de Clausen-

  1. 2 fr. 59 cent.
  2. 5 fr. 18 cent.