Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome I.djvu/93

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les armes et s’insurgeaient. Les mécontents étaient toujours soutenus par la Porte ou par la France, qui ne manquaient pas de susciter cet embarras à l’Autriche. Le pays fut ainsi déchiré par des troubles jusqu’à ce que Marie-Thérèse, faisant appel, dans un moment désespéré, à la générosité des Hongrois, leur eut inspiré des sentiments de fidélité qui ne se sont pas démentis.

La plus importante de ces révoltes fut provoquée par François Rákótzi. Elle éclata en 1703 et dura jusqu’en 1710. Plus d’une fois l’Autriche se sentit menacée du plus grand danger. Plus d’une fois les bourgeois de Vienne virent les cavaliers hongrois brûler leurs faubourgs. Rákótzi eut jusqu’à quatre-vingt mille hommes parfaitement armés et équipés. Il reçut des secours de la Pologne, du tzar Pierre, et surtout de Louis XIV, qui lui envoya des officiers de toutes armes. Mais le désordre inséparable d’une insurrection compromit trop souvent ses opérations. Il avait à compter avec l’esprit inquiet d’une nation mobile, qui commettait les fautes des confédérés gaulois au temps de César. « En lisant les commentaires de ce grand capitaine, écrit quelque part Rákótzi, j’ai retrouvé le génie des Gaulois dans les Hongrois ; ce génie raisonneur dans ceux-ci comme dans ceux-là. » La défection, les maladies, affaiblirent ses troupes. Louis XIV, à qui l’Autriche déclara la guerre en 1709 à cause des subsides accordés aux Hongrois, négligea dans la suite de profiter de la diversion