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Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/310

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leurs champs pour aller se battre en Allemagne : prévision qui s’est accomplie. D’ailleurs il leur répugnait d’être menés par des officiers allemands, et de devenir, avec l’aide de la schlague autrichienne, les propres soldats de l’empereur.

En Transylvanie on créa six régiments-frontières. Trois, dont deux d’infanterie et un de dragons, devaient être fournis par les Valaques. Les trois autres, dont un de hussards et deux d’infanterie, devaient être composés de Sicules. Parmi les Valaques, des villages entiers émigrèrent pour éviter la loi nouvelle. Ceux qui ne voulurent ni s’y soumettre ni quitter le pays furent chassés de leurs maisons, et remplacés par des hommes amenés de loin. La résistance fut grande, surtout chez les Sicules. Depuis les premiers rois de Hongrie, les Sicules gardaient les frontières de la Transylvanie. C’était en échange de ce service militaire qu’ils avaient reçu leurs privilèges. Un contrat véritablement synallagmatique liait donc le souverain et la nation. Leur étonnement fut grand quand ils apprirent que le roi leur demandait toujours l’impôt du sang, mais voulait les soumettre à un véritable servage, car le service des frontières militaires n’est pas autre chose. La loi nouvelle les attachait à la glèbe, leur prescrivait un nouveau mode de justice, et introduisait des étrangers dans le pays. C’était renverser la constitution. Si on connaît le caractère des Hongrois, leur respect pour la justice,