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Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/311

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si on se rappelle que tous les Sicules sont considérés comme nobles, c’est-à-dire qu’ils sont libres, on ne s’étonnera pas qu’ils se soient opposés aux vues des conseillers de Vienne. Ils savaient qu’on leur demandait une chose injuste ; ils refusèrent de se laisser enrégimenter.

On employa pour les réduire un moyen atroce, et qui a acquis pour toujours au gouvernement autrichien la haine des Sicules. Ils avaient adressé leurs plaintes à l’impératrice, «… La nation sicule fut convoquée à Madéfalva pour entendre la réponse décisive. Plusieurs milliers d’hommes accoururent. Des vieillards, des femmes, des enfants, les accompagnèrent pour apprendre leur sort. C’était en hiver ; le petit village pouvait à peine les contenir, ils se réfugièrent durant la nuit dans les maisons, les écuries, les granges. Après avoir passé une longue nuit d’hiver dans l’anxiété et dans l’attente de ce jour qui devait décider d’eux, avant que la pâle clarté du jour pût encore paraître, le bruit des armes à feu, le tonnerre du canon, se font entendre. Au lieu de la douce lueur de l’étoile du matin, des éclairs meurtriers déchirent les ténèbres de cette nuit glacée. Les malheureux, réveillés de leur sommeil, se précipitent la tête perdue. Les boulets tombent au milieu de la foule, et écrasent dans leur fuite ceux qui cherchent à s’échapper… Des coups de fusil, une grêle de plomb, reçoivent ceux qui atteignent les issues du