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Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/312

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village… Des masses effrayées se jettent sur la glace à peine formée de l’Aluta, et disparaissent aussitôt ensevelies sous les débris de la surface perfide… Mais le grand but est atteint : l’obstination est vaincue, et ceux qui ont échappé à la mort acceptent les armes[1]…»

Cette exécution sanglante eut lieu en 1784. Quelques années après, quand les régiments sicules quittèrent le pays pour marcher contre les troupes de la république française, ils se révoltèrent, alléguant qu’ils étaient tenus de défendre la frontière hongroise, mais non d’épouser les querelles de l’empereur d’Autriche. Ces régiments furent décimés, et deux collines qui subsistent encore indiquent la place où reposent les victimes.

On ne peut nier qu’au point de vue autrichien les régiments-frontières ne soient une excellente institution. Les hommes spéciaux s’accordent à la trouver merveilleuse sous le rapport militaire. En un instant 80 000 hommes, qui pendant la paix coûtent peu de chose, peuvent être sur pied et agir, tandis qu’une réserve appuiera leurs derrières. Rien n’est mieux combiné ni plus économique. Notez bien que cette armée se recrute elle-même. Les soldats sont répartis dans dix-sept régiments. Douze d’entre eux, composés de fantassins, stationnent aux frontières de la Hongrie. Cinq autres sont

  1. Des Préjugés, par le baron Nicolas Wesselényi, 1851. (en hongrois).