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LES RÉTRACTATIONS. — LIVRE PREMIER.

la loi de Dieu, de ce Dieu sans la volonté de qui une feuille ne tombe pas, de ce Dieu qui a compté tous les cheveux de notre tête ; et ils transmettent cette loi jusqu’aux domaines de la terre et des enfers[1] ; » je ne trouve pas que ce mot d’âmes puisse être usité d’après la

sainte Ecriture, puisque je n’ai voulu parler ici que des saints Anges, et que je ne me souviens pas d’avoir jamais lu dans les livres canoniques qu’ils aient des âmes. Ce livre commence ainsi : « Assez longtemps déjà. »


CHAPITRE XII.

du maître. — un livre.


Dans le même temps j’ai écrit un livre intitulé : du Maître. On y examine, on y recherche et on y trouve cette vérité qu’il n’y a, pour enseigner la science à l’homme, d’autre maître que Dieu, selon ce qui est écrit dans l’Évangile : « Votre unique Maître est le Christ[2]. » Ce livre commence ainsi : « Que vous semble-t-il que nous voulions réaliser quand nous parlons ? »



CHAPITRE XIII.

de la vraie religion. — un livre.


1. C’est aussi en ce moment que j’écrivis le livre de la Vraie Religion. On y expose à fond et avec étendue que le seul vrai Dieu, c’est-à-dire la Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, doit être l’objet du culte de la vraie religion ; par quelle grande miséricorde ce Dieu a accordé aux hommes dans l’économie des temps la religion chrétienne, qui est la vraie religion, et combien l’homme doit s’assujettir à ce culte divin par un genre de vie déterminé. Mais c’est surtout contre les deux natures des Manichéens que ce livre s’élève.

2. Je dis en un endroit : « Tenez pour manifeste et pour acquis qu’il n’aurait jamais pu y avoir d’erreur dans la religion, si l’âme ne rendait les honneurs divins à l’âme, au corps, ou à ses fantastiques imaginations[3]. » J’ai employé ici le mot d’âme pour signifier toute créature incorporelle ; en cela je n’ai pas suivi l’usage des Écritures. Quand elles se servent du mot âme sans métaphore, j’ignore si elles veulent qu’on comprenne seulement celle qui anime les animaux mortels, parmi lesquels sont les hommes eux-mêmes en tant que mortels. Peu après, j’ai mieux et plus brièvement exprimé le même sens en disant : « Ne servons donc point la créature de préférence au Créateur, et ne nous perdons pas dans la vanité de nos pensées : voilà la religion parfaite[4]. » En employant ici le seul mot de créature, j’ai désigné à la fois la créature spirituelle et la créature corporelle. Et au lieu des « fantastiques imaginations, » j’ai dit : « Et ne nous perdons pas dans la vanité de nos pensées.»

3. Quand j’ai ajouté : « C’est de notre temps la religion chrétienne dont la connaissance et la pratique fait la certitude et la sécurité du salut ; » j’ai eu égard au nom et non à la chose qu’il exprime. Car ce qui se nomme aujourd’hui religion chrétienne, existait dans l’antiquité et dès l’origine du genre humain jusqu’à ce que le Christ s’incarnât, et c’est de lui que la vraie religion qui existait déjà, commença à s’appeler chrétienne. En effet lorsque, après sa résurrection et son ascension, les Apôtres se mirent à le prêcher et que beaucoup croyaient déjà, ses disciples commencèrent à être appelés chrétiens à Antioche d’abord, comme il est écrit[5]. C’est pourquoi j’ai dit : « C’est de notre temps la religion chrétienne, » non pas qu’elle n’ait point existé dans les temps antérieurs, mais parce qu’elle a reçu ce nom dans les temps postérieurs.

4. Ailleurs j’ai dit : « Appliquez-vous donc à ce qui suit, avec piété et avec soin, autant que vous le pourrez ; car Dieu aide ceux qui sont tels[6]. » Il ne faudrait pas comprendre ce mot tels dans le sens que Dieu n’aide que ceux qui sont tels, puisqu’il aide ceux-là mêmes qui ne le sont point pour les rendre tels, c’est-à-dire qu’il les aide pour qu’ils cherchent avec piété et avec diligence ; tandis que ceux qui sont tels, il les aide pour qu’ils trouvent. Plus loin : « Il sera ensuite équitable qu’après la mort corporelle, que nous devons au péché originel, ce corps soit rendu, à son temps et dans son ordre, à sa stabilité primitive[7]. »Cette phrase doit se prendre dans le sens que la stabilité primitive du corps que nous avons perdue par le péché, comportait tant de félicité, qu’il ne devait pas éprouver le déclin de la vieillesse. Cette stabilité primitive lui sera restituée à la résurrection des morts. Il aura davantage encore ; car il n’aura pas besoin

  1. Liv. VI, C. XVII, n. 28.
  2. Matth. XXIII, 10.
  3. C. X, II. 18.
  4. Ibid. XIX.
  5. Act. XI, 26.
  6. C. X, n. 18-20.
  7. C. XII, n. 25.