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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome II.djvu/204

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très-haut a faits autour de moi, d’annoncer « combien son règne est grand et puissant ; « c’est un règne éternel et une puissance qui s’étend dans tous les siècles (1) ». Après ces mots, n’avez-vous pas coutume de répondre à haute voix : amen, et de faire le signe de la croix dans une solennité sainte (2) ? Si vous vous efforcez maintenant de rendre odieuses les prescriptions des empereurs, c’est que vous êtes sans crédit auprès d’eux ; si vous pouviez quelque chose, que ne feriez-vous pas, puisque, ne trouvant rien, vous ne cessez vos violences !

8. Sachez que vos pères ont les premiers porté la cause de Cécilien devant l’empereur Constantin, exigez que nous vous le prouvions et nous vous le prouverons ; si nous ne le pouvons pas, faites de nous ce que vous vaudrez. Mais Constantin n’ayant pas osé se prononcer dans un débat de ce genre, il en déféra le jugement à des évêques. Cela s’est fait à Rome sous la présidence de Melchiade, évêque de cette Église, dans une nombreuse réunion épiscopale. Cette assemblée ayant – proclamé l’innocence de Cécilien et frappé d’une condamnation Donat qui avait fait le schisme à Carthage, ceux de votre parti, vaincus par le jugement des évêques, en appelèrent encore, dans leur mécontentement, au jugement de l’empereur ; car un mauvais plaideur fait-il jamais l’éloge des juges qui le condamnent ? Pourtant l’empereur, dans sa grande bienveillance, leur donna encore d’autres évêques pour juges, à Arles, ville de la Gaule ; ce qui ne les empêcha pas d’en appeler de – ces mêmes évêques à l’empereur, jusqu’à ce qu’il se prononçât lui-même sur l’affaire et qu’il déclarât Cécilien innocent et ses ennemis des calomniateurs. Battus tant de fois, ils ne restèrent pas tranquilles ; chaque jour ils fatiguèrent l’empereur de plaintes sur Félix d’Aptonge, l’ordinateur de Cécilien, voulant le faire passer pour traditeur, et prouver que Cécilien ne pouvait pas être évêque puisque un traditeur l’avait ordonné ; ces plaintes accusatrices se prolongèrent jusqu’au moment où, par l’ordre de l’empereur, l’affaire de Félix ayant été jugée devant le proconsul Alien, son innocence en sortit victorieuse.

9. Alors Constantin publia le premier une loi très-sévère contre le parti de Donat. Ses 1. Dan. III, 99, 100. 2. Vraisemblablement le jour du samedi saint. fils en firent autant. Le successeur de ces derniers, Julien, déserteur et ennemi du Christ, à la prière de vas évêques Rogatien et Ponce, accorda au parti de Donat une liberté de perdition ; il rendit les basiliques aux hérétiques en même temps que les temples au démon, pensant que le nom chrétien pouvait périr par une atteinte portée à l’unité de l’Église d’où il était tombé, et par la liberté donnée aux discussions sacrilèges. Telle était la justice admirable que ne craignirent pas de louer Rogatien et Ponce, lorsqu’ils dirent à l’Apostat qu’auprès de lui la justice seule trouvait place. Julien eut pour successeur Jovien qui mourut bientôt et ne prescrivit rien sur ce sujet. Vint ensuite Valentinien ; lisez ses lois contre vous. Puis lisez, quand vous le voudrez, ce que Gratien et Théodose ont ordonné en ce qui vous touche. Pourquoi vous étonner des lois des fils de Théodose ? devaient-ils en cela suivre autre chose que le jugement même de Constantin gardé avec fermeté par tant d’empereurs chrétiens ?

10. Ce fut donc devant Constantin, comme nous vous l’avons dit, comme nous vous le montrerons si vous l’ignorez, que vos pères portèrent d’eux-mêmes la cause de Cécilien. Constantin est mort, mais son jugement subsiste contre vous, c’est le jugement de celui à qui ceux de votre parti déférèrent la cause, auprès de qui ils se, plaignirent dela.sentence des évêques, à qui ils en appelèrent de la décision épiscopale ; c’est le jugement de celui qu’ils importunèrent de leurs requêtes accusatrices contre Félix d’Aptonge, et par lequel ils furent condamnés et confondus tant de fois, mais sans renoncer aux excès de leur haine et de leur fureur, qu’ils vous ont laissés pour héritage. Emportés par cette haine, vous vous élevez avec tant d’impudence contre les lois des empereurs chrétiens que si vous le pouviez, vous n’invoqueriez pas contre nous Constantin, qui fut chrétien.et ami de la vérité, mais vous tireriez des enfers l’apostat Julien. Du reste, si vous y parveniez, le plus grand mal n’en serait-il pas pour vous ? car y a-t-il pour l’âme une mort pire que la liberté de l’erreur ?

11. Mais qu’il ne soit plus question de tout cela ; aimons la paix, que tout homme docte ou ignorant, juge préférable à la discorde, aimons et gardons l’unité. Ce que les empereurs ordonnent ici, le Christ l’ordonne ; quand c’est le bien qu’ils commandent, nul autre que le Christ ne commande