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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome III.djvu/146

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28. — L. R. Et lorsqu’un homme chaste Nient à mourir, — penses-tu que la chasteté meure avec lui ? — A. Nullement. — L. R. La vérité ne périt donc pas non plus lorsque périt ce qui est vrai ? — A. Comment peut périr quelque chose de vrai ? je ne le conçois pas. — L. R. Je m’étonne que tu me fasses cette question. Ne voyons-nous pas une foule de choses périr devant nos yeux ? Car tu ne penses pas, sans doute, que cet arbre est un arbre sans qu’il soit véritablement un arbre, ou qu’il ne peut périr. Quand même tu ne croirais pas au témoignage des sens et quand tu pourrais répondre que tu ignores entièrement si c’est un arbre ; cependant tu ne nieras pas, je présume, que, si cet arbre existe, c’est un arbre véritable. Car ce jugement vient de l’intelligence et non des sens. En effet, si c’est un faux arbre, il n’est pas un arbre ; et s’il est un arbre, il est nécessairement un arbre véritable. — A. Je t’accorde cela. — L. R. Ne m’accorderas-tu pas aussi qu’il est de la nature de cet arbre de naître et de mourir ? — A. Je ne puis le nier. — L. R. Tu dois en conclure que quelque chose de vrai peut périr. — A. Je n’en disconviens pas. — L. R. Mais réponds-moi de nouveau. Ne te paraît-il pas que la vérité ne périt point quand périssent des choses vraies, comme la chasteté ne meurt point par la mort d’un homme chaste ? — A. Je te (accorde aussi et j’attends avec impatience ce que tu cherches à établir. — L. R. Sois doncattentif. — A. Je le suis-.

30. A. Je te remercie, et puisque nous sommes dans le silence, j’examinerai attentivement avec moi, et par conséquent avec toi, ce nouveau raisonnement ; pourvu qu’aucun nuage ténébreux ne s’y oppose et ne vienne encore me charmer, ce que je redoute extrêmement. — L. R. Ne cesse pas d’avoir confiance en Dieu et abandonne-toi à lui aussi entièrement que tu le pourras. Ne désire point d’être à toi ni indépendant ; mais reconnais-toi plutôt l’esclave du Maître le plus clément et le plus généreux. Il ne cessera pas alors de t’attirer vers lui et ne permettra pas qu’il arrive rien qui ne te soit utile, même à ton insu. — A. J’écoute, je crois, et, autant que je le puis, j’obéis, je prie beaucoup pour obtenir beaucoup de forces. Désires-tu davantage ? — L. R. C’est bien pour le moment, tu feras ensuite tout ce que la vue de Dieu te prescrira.