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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome III.djvu/449

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dit du crétique peut s’appliquer au premier et au dernier péon. Il convient d’ajouter au palimbacchius ou une longue et un spondée, et par conséquent on observera dans ce mètre un silence de trois temps ou d’un seul temps. Il en est de même du troisième péon. L’anapeste est régulier partout où se place le spondée. Quant au molosse, selon le mode de division qu’on emploie, on le fait suivre, soit d’une longue avec un silence de quatre temps, soit de deux longues avec un silence de deux temps. Mais l’oreille[1] et le raisonnement nous ayant découvert qu’on pouvait unir à ce pied tous les pieds de six temps, on pourra le faire suivre d’un iambe, avec un silence complémentaire de trois temps ; d’un crétique, avec un silence complémentaire d’un temps ; ou enfin d’un bacchius, avec un silence d’égale durée. Et si nous décomposons en deux brèves la première syllabe du crétique et la seconde du bacchius, on pourra le faire suivre du quatrième péon, avec le même silence complémentaire. Et ce que je viens de dire du molosse, je pourrais le dire de tous les autres pieds de six temps. Quant au procéleusmatique, il rentre, selon moi, dans la classe des pieds composés de quatre temps, sauf quand on le fait suivre de trois brèves ; ce qui revient à le faire suivre d’un anapeste, là dernière syllabe, à cause du silence, devenant longue. Il est régulier de faire suivre le premier épitrite d’un iambe, d’un bacchius, d’un crétique, d’un quatrième péon. Même remarque pour le second épitrite, à condition d’observer un silence de quatre ou de deux temps. Quant aux deux autres épitrites, on peut — régulièrement les faire suivre d’un spondée ou d’un molosse, à condition toutefois qu’on décompose en deux brèves la première syllabe du spondée, la première ou la deuxième du molosse. Par conséquent on ajoutera à ces mètres un silence de trois temps ou d’un temps. Reste le dispondée. Si on le fait suivre d’un spondée, il faudra ajouter un silence de quatre temps ; si on le fait suivre d’un molosse, il faudra ajouter un silence de deux temps, bien entendu, en gardant le privilège de décomposer en deux brèves la syllabe longue du spondée ou du molosse, à l’exception de la finale. Voici le développement que tu m’as invité à faire. Si tu y trouvais quelque chose à reprendre…

CHAPITRE XI.

L’IAMBE NE VA PAS BIEN APRÈS LE DITROCHÉE.

12. Le M. Tu te chargeras toi-même de te corriger, en consultant l’oreille. Car, je te le demande, quand je débite ce mètre et que j’en marque le battement : Verus optimus; ou celui-ci : Verus optimorum, ou enfin : Veritatis inops, ce dernier mètre frappe-t-il aussi agréablement ton oreille que les deux premiers ? Elle sentira aisément la différence, si tu reprends chaque mesure et si tu la bats en tenant compte des silences complémentaires. — L’E. Il est clair que les deux premiers flattent l’oreille, tandis que le dernier l’offense. — Le M. On aurait donc tort de faire suivre un ditrochée d’un iambe ? — L’E. Oui. — Le M. Mais on demeure aisément d’accord que l’iambe va bien après tous les autres pieds, si l’on reprend chaque mètre, en observant la règle des silences :

Fallacem cave.
Male castum cave.
Mutiloquum cave.
Fallaciam cave.
Et invidum cave.
Et infirmum cave[2].

L’E. Je comprends ce que tu veux dire et j’y souscris. — Le M. Vois aussi si tu ne trouves rien de choquant dans là marche de ce mètre qui, avec une interposition d’un silence de deux temps, offre une reprise d’inégale durée. A-t-il la même cadence que ceux qui viennent d’être cités ?

Veraces regnant.
Sapientes regnant.
Veriloqui regnant.
Prudentia regnat.
Bona in bonis regnant.

Pura cuncta regnant[3].

L’E. Mais non : ici il y a une cadence égale et pleine d’harmonie ; là, discordante. — Le M. Ainsi nous nous souviendrons que, dans les

  1. Nous lisons sensu et non censu : censu, le calcul des temps, formant avec ratione une tautologie.
  2. Garde-toi-du fourbe. Garde-toi du débauché. Garde-toi du bavard. Garde-toi de la fourberie. Garde-toi aussi de l’envieux, et enfin de l’homme sans énergie.
  3. Les gens sincères sont rois. Les sages sont rois. Ceux qui disent la vérité sont rois. La prudence est reine. Les bons règnent sur les bons. Tout ce qui est pur règne.