tout, nul ne le conteste. Mais la partie employée pour le tout, l’âme seule nommée et mise pour signifier l’homme tout entier, comment la séparer dans ces mots : Ces âmes sortirent de Jacob, et conclure qu’il ne donna naissance qu’au corps ? Il faut avoir égard aux manières de parler propres à l’Écriture.
CLI. (Ib. 46, 15.) Sur les trente-trois âmes de Lia en Mésopotamie.
– « Ce sont là les fils que Lia eut de Jacob en Mésopotamie de Syrie avec Dina sa fille ; ses fils et sa fille étaient en tout trente-trois âmes. » Comment ces trente-trois âmes sont-elles toutes nées de Lia en Mésopotamie de Syrie ? Assurément il n’est question ici que des six fils de Lia et de son unique fille, desquels sont issus les petits-fils mentionnés en même temps. Si donc une objection s’était élevée déjà au sujet du seul Benjamin, lorsque l’Écriture, après avoir énuméré les douze enfants de Jacob et les avoir cités nommément ajoute : « Ce sont là les enfants qui vinrent à Jacob eu Mésopotamie de Syrie ; n à combien plus forte raison faudrait-il maintenant demander comment ces trente-trois âmes ont pu naître de Lia en Mésopotamie de Syrie. Mais la même locution reproduite dans ces deux passages nous autorise à admettre que dans l’Écriture tous les enfants sont considérés comme originaires du pays où sont nés leurs parents. Il est également hors de doute que l’on dit ici les filles pour la fille, et que le pluriel est mis pour le singulier.
CLII. (Ib. 46, 26-27.) Sur le nombre des personnes qui accompagnèrent Jacob en Égypte.
— Quand on lit que soixante-six âmes entrèrent avec Jacob en Égypte non compris les enfants de Joseph et qu’après les avoir énumérées, l’Écriture ajoute : « Les âmes avec lesquelles Jacob entra en Égypte étaient au nombre de soixante-quinze » il faut entendre ce passage en ce sens : les âmes qui étaient dans la maison de Jacob lorsqu’il était en Égypte. Il est évident en effet qu’il n’y entra pas avec ceux qu’il y trouva. Mais comme en recherchant exactement la vérité on se convainc qu’à son arrivée Ephrem et Manassés étaient déjà nés tous deux : car les exemplaires hébreux en font menton en cet endroit et la version des Septante l’affirme au livre de l’Exode, les Septante, en complétant le nombre, n’ont pas ce me semble commis d’erreur. Il suffit pour les justifier que Jacob vécut encore quand, de ses deux fils Manassés et Ephrem, naquirent ceux qu’ils ont jugé à propos d’ajouter au dénombrement de sa famille, usant dans cette circonstance pour quelque raison mystérieuse d’une sorte de liberté prophétique. Toutefois, comme il est constant que Jacob vécut dix-sept ans en Égypte[1], on ne voit pas comment les fils de Joseph purent avoir des petits-enfants du vivant de leur aïeul. En effet Jacob entra en Égypte la seconde année de la famine[2], et Joseph eut ses deux fils dans les années d’abondance. Or quelle que soit l’année d’abondance à laquelle on rapporte leur naissance ; on compte neuf années depuis la première année d’abondance jusqu’à la seconde année de disette, dans laquelle Jacob entra en Égypte ; en ajoutant à ces neuf années les dix-sept années que Jacob y vécut on trouve en tout vingt-six années. Comment donc des jeunes gens âgés de moins de vingt-six ans ont-ils pu avoir de petits-enfants ? Il n’y a rien, même dans le texte hébreu, qui donne la clef de cette question. De plus comment Jacob, avant son entrée en Égypte put-il avoir tant de petits-enfants, même de Benjamin qui avait le même âge quand il vint auprès de son frère ? Or l’Écriture ne dit pas seulement qu’il eut des fils, mais des petits-fils et un arrière-petit-fils, qui tous ensemble forment le nombre de soixante-six personnes, avec lesquelles Jacob entra en Égypte, même selon le texte original. Pourquoi encore, après qu’il est dit que Joseph et ses fils n’étaient pas plus de huit et que Benjamin et ses fils étaient au nombre die onze personnes, voyons-nous que ces deux nombres réunis, onze et huit, ne font pas dix-neuf, mais qu’on compte dix-huit personnes en tout ? et pourquoi ensuite est-il dit que Joseph et ses fils formaient non pas huit âmes, mais neuf, tandis qu’on n’en trouve que huit[3] ? Toutes ces particularités, qui semblent inexplicables, ont, il ne faut pas en douter, une profonde raison d’être ; mais je ne sais s’il est possible de tout expliquer littéralement, surtout les nombres, qui à en juger par plusieurs dont nous avons pu pénétrer le sens, sont certainement très dignes de respect et remplis des mystères les plus profonds.
CLIII. (Ib. 46, 32.) Pourquoi l’Écriture loue dans les Patriarches la profession, de pasteurs de troupeaux.
– On loue dans les Patriarches la profession de pasteurs de troupeaux, qu’ils ont exercée depuis leur enfance et sous les yeux de leurs parents. Et c’est à boa droit : car, lorsque les animaux obéissent à l’homme, et que l’homme leur commande, cette obéissance d’une part et
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