Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/473

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« Les voiles dudit parvis étaient un ouvrage de broderie, d’hyacinthe, de pourpre, d’écarlate filée et de fin lin retors ; ils avaient vingt coudées de longueur et de largeur[1] ##Rem. » Il résulte de ce passage que la hauteur mentionnée plus haut correspond à la longueur des rideaux quand ils sont étendus. Le texte ajoute enfin : « Et cinq coudées de largeur. » Les tentures du parvis extérieur avaient, en effet, ce nombre de coudées en largeur, tandis que celles de l’intérieur n’en avaient que quatre ; c’est ainsi qu’il a été dit plus haut : « La longueur du parvis était de cent pour cent, de cinquante pour cinquante, et la hauteur de cinq coudées de fin lin retors. » L’Écriture appelle longueur ce qu’elle nomme ensuite hauteur, parce que la largeur d’un objet placé à terre est la même que la hauteur du même objet placé debout. En d’autres termes, comme je viens de le dire, la hauteur d’une étoffe, quand on la tisse, devient sa longueur, quand on l’étend.
14. Sur les couvertures de poils. – Nous avons différé jusqu’ici l’examen d’une difficulté relative au tapis de poils ; voyons maintenant comment nous pouvons la résoudre d’après la forme du tabernacle que nous avons décrit en son entier, comme nous avons pu. Peut-être l’obscurité dont cette question est enveloppée vient-elle de ce que l’auteur sacré a parlé, par anticipation d’un détail sur lequel il devait revenir plus tard, dans la description du parvis qui faisait le tour du tabernacle. Examinons donc le texte en lui-même. « Tu relèveras encore, y est-il dit, ce qui sera en surplus dans le tapis du tabernacle, tu cacheras la moitié du tapis qui sera de surplus, et l’excédant des tapis, tu le cacheras derrière le tabernacle[2]. » Tout cela ne signifie qu’une seule et même chose : c’est que la moitié du tapis qui était de reste, c’est-à-dire, qui était en surplus parmi les voiles du tabernacle, doit être caché derrière le tabernacle. Comment donc y a-t-il en surplus, comment reste-t-il la moitié d’un tapis sans emploi ? Il faut pour s’en rendre compte ; examiner dans quel ordre les tapis étaient reliés entre eux : Dieu ordonne qu’il y en ait cinq d’une part, et six d’autre part unis ensemble ; le sixième lapis devait de cette manière, ainsi qu’il l’avait dit précédemment, être doublé au-devant du tabernacle, c’est-à-dire à l’Orient. Car bien des fois le texte a fait entendre que le derrière du tabernacle était à l’Occident, c’est-à-dire du côté de la mer. Que faut-il donc entendre par le devant du tabernacle, si ce n’est la partie qui regardait l’Orient ? La partie où cinq tapis, sont unis ensemble mesure cent-cinquante coudées, autrement cinq fois trente ; car Dieu avait commandé que ces tapis eussent chacun trente coudées ; et la partie où six tapis, au lieu de cinq, se trouvaient pareillement unis ensemble, mesurait cent-quatre-vingt coudées, autrement six fois trente ; par conséquent, dès lors qu’on pliait un de ces tapis au-devant du tabernacle suivant l’ordre de Dieu, on retranchait quinze coudées sur le total, et il ne restait plus que cent soixante-cinq coudées. Et après avoir mesuré, du côté où il y avait six tapis, cent cinquante coudées de développement, longueur égale au côté qui n’avait que cinq tapis, il restait également quinze coudées en surplus. Car le côté des cinq tapis mesurait cent cinquante coudées, et le côté des six tapis, en défalquant la moitié du voile plié en avant du tabernacle, en présentait cent soixante-cinq. Ce côté-ci avait donc quinze coudées en plus. C’est cette moitié de tapis qu’il faut cacher derrière le tabernacle ; si l’on a du en plier une moitié sur le devant, il ne faut pas faire de même à la partie postérieure du tabernacle, mais cacher ces quinze coudées de tapis à l’arrière du tabernacle ; d’après cette disposition, on retranchait cette longueur par-derrière comme on avait fait par-devant, grâce au pli d’un tapis ; aux cent-cinquante coudées des cinq tapis correspondaient cent-cinquante coudées provenant des six autres, parce qu’on avait pris trente coudées sur les cent quatre-vingts, en pliant un tapis au-devant du tabernacle et en cachant par-derrière l’autre moitié.
15. Suite. – Ce qui suit est différent et fournit matière à une autre question, qui est la cause principale pour laquelle nous avons cru devoir différer l’explication de ce passage ; ayant voulu auparavant voir la forme donnée au tabernacle et la description du parvis qui l’environnait. Voici donc ce qui suit : « Une coudée d’un côté et une coudée de l’autre, provenant du surplus de la longueur des tapis, seront étendues sur les côtés du tabernacle et les couvriront de part et d’autre[3]. » Autre chose est le surplus qui existe au côté qui est orné de six tapis, comparativement au côté qui n’en a que cinq, différence numérique dont nous avons déjà parlé ;

  1. Ex. XXXXVII, 1, 9-18
  2. Id. 26, 12
  3. Ex. 26, 13