Aller au contenu

Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/488

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

donne-t-on le nom de siège aux lieux mêmes qu’habitent ceux qui y ont leurs sièges ; ce mot désigne leur résidence.

XXV. (Ib. 9, 1.) Sur les anciens d’Israël. – « Le huitième jour, Moïse appela Aaron et ses fils, et le sénat d’Israël. » Quelques-uns de nos traducteurs ont rendu par senatum, l’expression γερουσίαν du texte grec : ce qui a guidé l’interprète, c’est le rapport qui semble exister entre senatus et senium vieillesse. Cependant on ne pourrait pas dire en latin : Il appela la vieillesse d’Israël, pour : Il appela les vieillards ou les anciens; quoiqu’il soit permis de dire Il appela la jeunesse d’Israël, pour : Il appela les jeunes gens. C’est que cette dernière locution est reçue dans la langue latine ; tandis que celle-là n’est pas admise. Car en disant : Il appela la vieillesse d’Israël, on conserverait au mot le sens qui lui est propre. Aussi quelques traducteurs, jugeant le mot sénat d’un emploi inacceptable, ont préféré mettre dans leur version « l’ordre des anciens. » Il eût été plus court et peut-être plus convenable de dire : Il appela les anciens d’Israël.
XXVI. (Ib. 9, 2-4.) Sur les premiers sacrifices d’Aaron. —1. Moïse dit à Aaron : « Parle en ces termes au sénat d’Israël : Prenez un bouc d’entre les chèvres pour le péché, et un bélier et un veau et un agneau d’un an, sans tache, pour l’holocauste, et un veau pris d’entre les bœufs, et un bélier pour le sacrifice pacifique devant le Seigneur, et de la pure farine trempée dans l’huile : parce que, le Seigneur apparaîtra aujourd’hui parmi vous. » Il a posé précédemment en loi que ces animaux convenaient à quatre espèces de sacrifices : l’holocauste, le sacrifice pour le péché, le sacrifice pacifique et celui de la consommation ; mais celui-ci ne concerne que la sanctification des prêtres. Ce sont donc les trois autres qu’il est prescrit d’offrir dans cette circonstance, et l’ordre en est adressé aux anciens d’Israël, parce qu’ils représentent tout le peuple. Mais ici trois animaux, le bouc, le bélier et le veau, sont destinés au sacrifice pour le péché ; l’agneau est destiné à l’holocauste ; pour le sacrifice pacifique, sont réservés un veau et un bélier. Ainsi le sens n’est pas que le bouc sera la seule victime offerte pour le péché, et que les trois autres animaux, le bélier, le veau, et l’agneau seront la matière de l’holocauste ; mais plutôt les trois premiers doivent être offerts pour le péché, comme l’indique ce passage : « Prenez un bouc d’entre les chèvres pour le péché, et un bélier et un veau », en sous-entendant à la fin : pour le péché ; et l’agneau seul est réservé pour l’holocauste. Nous avons cru devoir donner cet avertissement, parce que l’on aurait pu s’arrêter à un autre sens, et après ces, mots : « Prenez un bouc d’entre les chèvres pour le troupeau », faire rapporter tout le reste à l’holocauste. Quant à ces paroles : « sans tache », on peut les appliquer à tous les animaux dont il vient d’être parlé. Or, comme il est difficile de formuler clairement le sens de la phrase, voici te motif pour lequel il nous semble que les trois premiers animaux devaient être offerts pour le péché : c’est qu’antérieurement Moïse a ordonné d’offrir un bouc pour le péché d’un prince [1] ; pour le péché d’un particulier, coupable d’une faute qu’il ne devait pas commettre en présence du Seigneur, il prescrit un bélier[2] ; et pour le péché de tout le peuple, un veau[3]. En faisant connaître au sénat ce que le peuple tout entier devait offrir, il devait donc exiger un bouc pour les princes, un bélier pour le péché des particuliers, et un veau pour le péché de tout le peuple. Autre chose est en effet le péché personnel à quelqu’un du peuple, et même les péchés particuliers que tout le monde peut commettre ; autre chose, le péché commis en commun, d’un accord unanime, par une multitude s’inspirant d’une même pensée.
2. Moïse, exigeant un veau et un bélier pour ces sacrifices pacifiques, commande qu’on offre ce qu’il y a de plus précieux : parce que la cause de tout le peuple est mise en jeu ; tandis que la loi relative aux sacrifices pacifiques, établie précédemment par lui, permet d’offrir indifféremment le mâle ou la femelle, pourvu que la victime ne soit prise que parmi les bœufs, les brebis et les chèvres[4]. Si l’on demande maintenant pourquoi il exige deux victimes, un veau et un bélier, la raison n’en est pas facile à trouver : à moins que le veau ne fût, dans sa pensée, offert en sacrifice pacifique à l’intention de tout le peuple, et le bélier pour chaque individu faisant partie de la nation : car il semble avoir prescrit déjà précédemment deux sortes de sacrifices pacifiques ; l’un, offert en quelque sorte par le peuple tout entier, et désigné sous le nom de sacrifice pacifique ; l’autre, indiqué dans les paroles suivantes : « Si quelqu’un offre son sacrifice pacifique[5]. » À propos de ce texte nous

  1. Lev. 4, 25
  2. Id. 5, 18
  3. Id. 4, 14
  4. Id. III
  5. Ib, 6, 19