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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/489

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avons trouvé une différence entre ces sacrifices[1] : car dans celui qu’il appelle pacifique, Moïse ne dit pas que la graisse de la poitrine doit être offerte au Seigneur, nique la poitrine elle-même et l’épaule droite doivent être données au prêtre ; au lieu qu’il exige ces deux conditions dans le sacrifice pacifique qu’il nomme personnel : ce qui doit peut-être s’entendre du sacrifice public offert au nom de tous. En effet Moïse lui-même offrit un sacrifice pacifique et il n’est pas dit que ce sacrifice était sien: c’est, je crois, parce qu’il l’offrit pour tout le peuple. Or, où tous se trouvent, là sont chacun des membres ; mais non pas réciproquement. Car le particulier peut exister sans le tout ; tandis que le tout se compose de tous les éléments particuliers qui forment le tout.
3. Il est remarquable que les sacrifices commandés pour le peuple se composaient de sacrifices pour le péché, de l’holocauste et de sacrifices pacifiques ; tandis que pour le prêtre, on offrit les sacrifices pour le péché, l’holocauste et le sacrifice de consommation, mais point de sacrifice pacifique[2]. Le sacrifice de consommation se fit, quand les prêtres furent consacrés pour entrer dans l’exercice de leurs fonctions, et Moïse l’offrit pour Aaron et ses fils ; mais dans la suite, Aaron, sanctifié et remplissant les fonctions de son sacerdoce, reçut l’ordre d’offrir pour lui-même un veau pour le péché, et un bélier en holocauste[3]. Il ne fut pas alors obligé d’offrir pour lui-même le sacrifice de consommation ; car l’oblation en avait été faite, afin qu’il reçût la perfection du sacerdoce et paît en remplir le ministère, et comme il l’exerçait déjà, il n’était plus nécessaire qu’il en reçut de nouveau la consommation.
XXVII. (Ib. 9, 7.) Suite. – « Alors Moïse dit à Aaron : Approche de l’autel, et fais ce qui est pour ton péché, et ton holocauste : et prie pour toi et ta maison. » Il est étonnant que le sacrifice pour le péché soit commandé le premier, et que l’holocauste vienne ensuite ; car la loi posée précédemment exige que les sacrifices pour le péché soient placés par-dessus les holocaustes[4], excepté quand les victimes offertes sont des oiseaux[5]. L’Écriture rappelle-t-elle ici en dernier lieu le rite qui s’accomplissait d’abord, je veux dire l’offrande de l’holocauste ? Car elle ne dit pas, comme à propos des oiseaux : Fais ceci d’abord, et puis cela ; mais fais ceci et cela. Or, la règle établie plus haut désigne l’offrande qui doit se faire en premier lieu, quand elle dit que le sacrifice pour les péchés sera placé par-dessus l’holocauste. Il y a néanmoins une circonstance fort embarrassante : l’Écriture en effet rapporte qu’Aaron, fidèle à l’ordre qu’il avait reçu, offrit le sacrifice pour le péché, puis l’holocauste. A-t-il, en réalité, suivi cet ordre ? ou bien, comme dans beaucoup d’autres cas, l’Écriture a-t-elle interverti les choses ? La question demeurerait sans solution, si l’on ne se rappelait, comme je l’ai dit plus haut, ce qu’elle règle touchant le sacrifice pour le péché. Voici en effet ce qu’on lit : « Le prêtre le mettra sur l’autel au-dessus de l’holocauste du Seigneur, et le prêtre, priera pour lui, pour le péché dont il s’est rendu coupable, et il lui sera pardonné[6]. » Comment donc le sacrifice pour le péché pouvait-il être placé sur l’holocauste, si l’holocauste n’avait été mis le premier sur l’autel ? La même prescription a été faite à l’égard du sacrifice pacifique ; mais parce que l’Écriture ne tient pas toujours le même langage, ni à propos des sacrifices pour le péché, ni à propos des sacrifices pacifiques, il est permis peut-être d’en conclure que la loi n’est pas générale elle a seulement son application dans le sacrifice pacifique, lorsqu’on immole des bœufs, car le précepte y est formellement exprimé, et dans les sacrifices pour le péché, lorsque la victime est une brebis ; mais les autres victimes, soit dans le sacrifice pacifique, soit dans le sacrifice pour le péché, ne devaient pas nécessairement être placées sur les holocaustes.
2. Ce qui surprend encore, c’est que, quand Aaron fait, au nom du peuple, l’offrande des dons cités précédemment, l’Écriture ne mentionne point parmi les victimes immolées toutes celles dont elle a parlé plus haut[7] ; elle ne parle que du bouc offert pour le péché et de l’holocauste, sans rien dire toutefois de l’agneau ; quant aux deux autres victimes, je veux dire le bélier et le veau, plutôt destinés, disions-nous, au sacrifice pour le péché qu’à l’holocauste, elle les passe sous silence : a-t-elle voulu comprendre le tout dans la partie, et en ne parlant que du bouc donner à entendre tout le reste ?
3. Rapportant la manière dont Aaron fit l’offrande des sacrifices pacifiques du peuple, l’Écriture

  1. Ci-dessus, quest. XXII.
  2. Lev. VIII
  3. Id.
  4. Id. 6, 35
  5. Id. 4, 8, 15
  6. Lev. 4, 36
  7. Id. 9, 15.