amertumes du jour. » Ces amertumes sont les préceptes d’une sainte vie ou le jour du jugement, qui épouvantent les hommes charnels.
6. « Que cette nuit entre dans les ténèbres », éternelles. « Qu’elle ne compte plus parmi les jours de l’année », pour les justes devenus spirituels qui jouissent du soleil et sont plus élevés, que les autres.
7. « Mais qu’elle soit douleur ; » parce qu’elle apporte la douleur à ceux qui l’aiment. « Qu’elle ne compte plus dans les jours des mois », pour ces justes qui, représentés dans l’Église par l’astre des nuits, sont inférieurs aux autres ; c’est à eux que s’adressent ces paroles : « Pour moi, mes frères, je n’ai pu vous parler comme à des hommes spirituels[1]. » Saint Paul alors serait au nombre des jours de l’année.
8. « Que celui-là la maudisse, qui maudira le jour. » C’est-à-dire le Seigneur, qui maudit les amateurs des plaisirs charnels.
9. « Que les astres de cette nuit s’obscurcissent ; » les hommes les plus avancés dans le péché. « Qu’elle reste et ne vienne point à la lumière ; » parce qu’ils ne se convertiront point ; c’est une prophétie.
10. « Parce qu’elle n’a point fermé le sein de ma mère ; » de la cité terrestre que figure Babylone. Elle serait fermée si on ne louait point le pécheur dans les désirs de son âme[2]. « Pourquoi ne suis-je point mort dans le sein maternel ? » Avant de me signaler en votre présence par quelqu’action, car la conception n’est qu’une espérance. « Que n’ai-je péri en sortant de son sein ? » Voyez dans ces mots la figure d’un homme qui aurait vieilli dans la concupiscence.
12. « Pourquoi mes genoux se sont-ils fortifiés », afin de m’affermir ? « Pourquoi ai-je sucé le lait », de la doctrine qui prépare au péché ?
13. « Maintenant je me reposerais dans mon sommeil ; » en mourant pour ce monde.
14. « Avec les rois que la terre a mis en honneur », dans l’Église. « Qui se glorifiaient dans leur épée ; » dans « le glaive de l’Esprit, c’est-à-dire, la parole de Dieu[3]. « Ou avec les princes qui possèdent beaucoup d’or ; » beaucoup de sagesse. « Qui ont rempli leur palais d’argent ; » de la parole de Dieu.
16. « Comme un avorton échappé du sein de sa mère ; » et qui n’a pas été remarqué. « Ou Comme les enfants qui n’ont pas vu la lumière ; » qui ne sont parvenus à aucun rang distingué.
17. « Là les impies ont déposé leur fureur ; » en mourant à ce monde. « Là reposent les forts épuisés de fatigue ; » fatigués dans leur corps, et non dans leur âme ; ou après avoir accompli la destinée des créatures périssables.
18. « Ils n’ont point entendu la voix de l’exacteur. » De là cette parole : « Le juge te livrera à l’exacteur[4] ; » c’est-à-dire que leurs péchés leurs sont pardonnés : il parlait des impies.
19. « Là sont le grand et le petit. » On peut bien ici ne voir qu’un seul homme, conformément à cette sentence : « Celui qui s’humilie sera glorifié[5]. – Et le serviteur qui ne redoute « point son maître ; » dans le sens de ce passage « Veux-tu ne pas craindre la puissance ? fais le bien[6]; » ou de cet autre : « L’amour parfait chasse la crainte[7]. »
20. « Pourquoi la lumière est-elle donnée à ceux qui sont dans le chagrin ? » C’est l’honneur accordé aux méchants. « Et la vie aux âmes qui sont dans la douleur ? » Dans ce qui produit la douleur, c’est-à-dire dans le péché.
21. « Qui désirent la mort, et elle ne vient point. » Ils ne recueillent point de fruit du péché.
23. « La mort est un repos pour l’homme dont la vie est cachée. » Parce qu’elle n’est vue que de Dieu, ou connue que d’un petit nombre. Cela s’entend de cette mort qui nous fait mourir au monde ; en l’autre il n’y a point de repos. « Dieu l’a enfermé de toutes parts ; » en ne l’abandonnant pas aux désirs de son cœur.
24. « Avant de prendre ma nourriture, le gémissement est sur mes lèvres. » Avant la joie de la nourriture céleste, arrivent les tribulations. « Et je pleure dans les angoisses ;» envoyant que je ne puis éviter ce que je redoute.
25. « Car la crainte que je redoutais est venue jusqu’à moi. » L’adversité qui nous vient de la miséricorde divine pour notre amendement.
26. « Je n’ai été ni dans la paix, ni dans le silence, ni dans le repos. » Car ce n’était que de faux biens dont il redoutait la perte. « Et la colère est venue jusqu’à moi. » La vengeance devant laquelle le juste à peine sera sauvé[8].
CHAPITRE IV. – Eliphaz de Théman reproche à Job son peu de fermeté et l’injure qu’il fait à Dieu.
3. « Qui soutiendra le poids de tes paroles ? » Eliphaz