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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome IV.djvu/638

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combien il manque à sa perfection, à cette perfection vers laquelle des hommes dignes de louanges en ce monde et agréables au cœur de Dieu, sont conduits par les coups de sa main paternelle. L’Apôtre lui-même n’en fut pas exempt, car il lui fut dit : « Ma grâce te suffit, la vertu se fortifie dans la faiblesse [1]. »
3. « Ceins tes reins comme un homme vaillant. » C’est-à-dire, que les serviteurs de Dieu supportent de lourdes peines, d’amers chagrins, afin de détacher leur cœur de toute affection aux plaisirs sensuels et d’en réprimer tous les égarements. « Je t’interrogerai, réponds-moi.
4. « Où étais-tu quand je jetais les fondements de la terre ? » Ici on voit qu’il exalte la souveraine perfection de Notre-Seigneur Jésus-Christ. C’est lui qui est venu guérir tous ceux que le venin du serpent avait frappés de mort, et nul ne doit vouloir trouver en soi-même son salut. Ce Dieu n’est point comme ceux dont il est dit : « Vous êtes des Dieux et les Fils du Très-Haut[2]. – « Il n’a point usurpé, en se proclamant l’égal de son Père[3]. » Il n’est point fils des hommes comme les enfants des hommes en qui il n’y a point de salut, mais il est au-dessus de tous ceux dont il est devenu l’égal[4]. Il n’est point saint comme Job, comme Paul, comme l’Église ; il sanctifie les autres, car il est le Fils unique du Père, rempli de grâce et de vérité[5]. Afin donc d’établir ce qui distingue là divine humanité de Celui en qui le prince de ce monde n’a rien trouvé[6], car il payait dans sa passion ce qu’il n’avait point dérobé[7] ; afin d’enseigner aussi que la rémission des péchés opère la justification des saints et que ceux-ci réunis en un seul corps forment, l’Église, dont Job, dans le sens historique, n’est qu’une faible partie depuis qu’il est justifié, mais qu’il représente tout entière dans le sens prophétique ; il commence par ces mots : « Où étais-tu quand je jetais les fondements de la terre ? » Est-ce parce qu’il n’existait pas encore ou parce qu’elle n’a pas été fondée par lui comme par le Fils unique ? Est-ce la terre, ou l’Église elle-même ? Car c’est l’Église qui a reçu la pierre angulaire dont il va être question[8]. « Dis-le-moi, si tu en as l’intelligence. » Tout ce que Dieu a fait pour nous dans le temps est l’objet de notre science.
5. « Sais-tu qui a établi ses mesures ? » qui a distribué les dons spirituels. « Le grâce a été accordée à chacun de nous, selon la mesure du don de Jésus-Christ. C’est pourquoi il est dit qu’en montant au ciel, il a conduit une foule de captifs et a répandu ses dons sur les hommes [9] ; » car si tout le corps était œil, où serait l’ouïe[10] ? Selon la fonction propre à chaque membre le corps prend son accroissement et se développe dans la charité[11]. « Ou qui a étendu sur elle le cordeau ? » afin d’en faire son partage, la séparant de ceux à qui il est dit : « Je ne vous sonnais point[12] ; » car.leSeigneur connaît ceux qui sont à lui[13].
6. « Qui retient ses anneaux ? » Les livres sacrés qui reposent sur Dieu même et qui préservent de la dissolution. Quiconque, sans le Seigneur, veut, les comprendre, est condamné au doute et à l’erreur. « Qui a posé sa pierre angulaire ? » Cette pierre que des constructeurs ont mise au rebut[14].
7. « Quand les astres furent créés au même instant. » Tant de milliers d’hommes baptisés avec la parole de vie, et brillants de gloire parmi les pécheurs comme au milieu des ténèbres. « Tous mes anges ont publié à haute voix mes louanges. » Les prédicateurs de l’Évangile.
8. « J’ai renfermé la mer entre ses portes. » Les peuples dont la fadeur s’attache à la terre. Pourquoi : « Dans ses portes ? » Est-ce d’abord afin qu’elle sache s’arrêter quand elle persécute les justes ? Est-ce aussi afin que les justes puissent en sortir ? « Lorsqu’elle frémissait comme l’enfant qui veut s’échapper du sein maternel. » Lorsque dans les assemblées de cette Babylone souillée par toutes les voluptés de la vie, elle voulait, en frémissant de colère, persécuter et anéantir ceux dont il est écrit : « Je ne vous demande pas de les enlever de ce monde, mais de les préserver du mal[15]. »
9. « Je l’ai enveloppée de nuées comme d’un vêtement. » Ce ne sont pas seulement les bons, mais encore une foule de pécheurs attachés aux biens de ce monde que retient le mystère du corps de Jésus-Christ. Son autorité les empêche de persécuter les saints.« Je l’ai entourée de brouillards ; » ceux de l’ignorance qui leur fait aimer les biens de ce monde, en redouter les misères. Aussi craignent-ils les bons, qu’ils persécuteraient s’il n’en était pas ainsi. Car il n’est pas seulement écrit : « Les pauvres mangeront et seront rassasiés ; ceux qui recherchent le Seigneur

  1. 1Co. 12, 9
  2. Psa. 81, 6
  3. Phi. 2, 6
  4. Psa. 44, 8
  5. Jn. 1, 14
  6. Id. 14, 30
  7. Psa. 68, 5
  8. Eph. 2, 20
  9. Eph. 4, 7-8
  10. 1Co. 12, 17
  11. Eph. 4, 16
  12. Mat. 7, 23
  13. 2Ti. 2, 19
  14. Psa. 117, 22
  15. Jn. 17, 15