4. « Leurs petits se sont échappés. » Ils ont bris, les liens de la concupiscence. « Ils grandiront en se nourrissant de froment ; » en recevant les leçons d’une sagesse plus parfaite, après le lait des premiers enseignements. « Ils s’en « iront et ne reviendront plus vers elles. » Ils sortiront des limites étroites de l’enseignement donné par les hommes à ceux qui débutent. Ils ne reviendront plus vers leurs mères, parce qu’ils n’auront plus besoin du lait de la doctrine des enseignements de leurs maîtres. Évidemment ces trois phrases ne doivent pas être sous forme d’interrogation.
5. « Quel est celui qui adonné à l’âne sauvage sa liberté ? » Je m’étonnerais que l’âne sauvage ne figurât point ici le petit nombre de ceux qui s’affranchissent du soin de toute affaire pour servir Dieu. « Qui a brisé ses entraves ? » les liens des affections charnelles et vulgaires.
6. « Je lui ai donné pour demeure le désert, et pour retraite les plaines arides. » C’est pour quoi il s’écrie : « Mon âme a soif de vous [1]. »
7. « Il dédaigne le tumulte de la ville », que l’Écriture appelle Babylone, et qui marche par la voie large de la perdition[2]. « Et n’entends point les cris de l’exacteur. » Il ne doit rien à personne.
8. « Il contemple les montagnes où sont ses pâturages : » les beautés de la Révélation. « Et recherche les collines verdoyantes : » tout ce qui dure éternellement.
9. « Est-ce-toi que la licorne veut servir ? » celui qui s’enorgueillit ici-bas de son rang élevé ? Le Christ a su soumettre de tels hommes à sa puissance, il les a établis ministres de son Église. Le mot grec employé, μονόκερως, signifie bien « Qui n’a qu’une corne ; » il désigne les orgueilleux. « Viendra-t-il reposer dans son étable ? » Comme on se repose sur l’humilité de Celui qui fut en naissant déposé dans une étable[3]. On y est heureux du pardon de ses péchés, on y oublie les inquiétudes d’une conscience en désordre.
10. « Attachera-t-il son joug par des courroies ? » Le joug doux à porter est attaché par des courroies, c’est-à-dire, il est annoncé par ceux qui domptent et mortifient la chair. C’est pourquoi Jean portait une ceinture de cuir[4], et non le fouet sanglant dont se frappent les pécheurs. « Et tracera-t-il les sillons dans ton champ ? » Il ouvrira le cœur du peuple docile pour le mettre en possession du royaume de Dieu.
11. « Est-ce toi qui as mis ta confiance en lui, parce que sa force a été changée ? » Parce qu’il ne recherche pas dans l’Église ce qu’il avait recherché dans le monde, les vains honneurs et les louanges des hommes. « Lui confieras-tu tes travaux ? » Comme les lui confie celui dont l’Apôtre se dit l’ambassadeur, quand il exhorte au nom du Christ à se réconcilier avec Dieu[5].
12. « Crois-tu qu’il te rendra tes semailles ? » Il ne réclame rien au profit de sa puissance. Le mot semailles signifie ici l’action d’ensemencer. « Et qu’il les apportera dans ton aire ? »Il sera au nombre de ceux que le Seigneur chargea de prier le maître des récoltes pour envoyer des ouvriers à sa moisson[6]. Il ne voudra point construire d’aire pour lui comme le chef des hérésies et des schismes, et tous ceux qui ne recherchent point la gloire de Dieu, mais leur propre gloire. Il serait bien difficile de conduire ainsi le rhinocéros ; mais cette merveille s’accomplit dans le cœur des hommes par l’auteur de toutes les merveilles[7], par celui qui détruit tout raisonnement humain, toute hauteur élevée contre la science de Dieu, par celui qui réduit tous les esprits sous le joug de son obéissance[8].
13. « Le plumage de l’autruche se mêle aux ailes du héron et de l’épervier. » L’autruche, qui ne peut voler, est la figure des esprits lents. Ceux-ci néanmoins ont reçu assez de grâces de Celui qui a choisi les insensés de ce monde[9], afin qu’ils puissent marcher avec une vitesse égale à celle des plus belles intelligences, figurées par les deux autres espèces d’oiseaux. Tel est le sens de, ce passage.
14. « Elle abandonne ses veufs sur la terre. » Il commence par l’autruche, ou plutôt il parle de celui dont cet oiseau est la figure. Il ne pourrait avec ses lourdes ailes imiter le vol rapide des plus agiles, s’il ne laissait sur terre les premières espérances figurées par les œufs. « Ils s’échauffent dans la poussière. » Quoiqu’il méprise désormais ce qu’autrefois il recherchait dans le monde, ce qu’il dédaigne prospère souvent à la faveur des amis du monde, comparés ici à la poussière.
15. « Elle oublie que le passant les dispersera ; que l’animal les foulera aux pieds. » Si l’envie de ses rivaux, ou la malice du siècle vient troubler et confondre ses espérances qui sont pour
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