Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VII.djvu/121

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en lui pour arriver à la vie éternelle » ; afin que tous se disent : Si Paul même a été guéri, pourquoi me décourager ? Si un malade aussi désespéré a pu être guéri par cet incomparable Médecin, pourquoi ne lui pas laisser panser mes blessures ? pourquoi ne courir pas me jeter entre ses bras ? C’est pour que chacun puisse tenir ce langage, que Dieu a fait un Apôtre de ce violent persécuteur[1]. En effet, lorsqu’un médecin arrive quelque part, il cherche, pour le guérir, un malade désespéré ; que ce malade soit sans aucune ressource, peu lui importe, pourvu qu’il n’offre plus d’espoir ; ce n’est pas la récompense que le médecin a en vue ; il veut seulement mettre en relief son habileté. Revenons à notre idée. Paul donc se félicite d’avoir été choisi et guéri par le Christ, tout pécheur qu’il était ; il ne dit pas : Je veux demeurer dans le crime, puisque c’est pour moi et non pour les justes, que le Christ est venu au monde. Ne t’endors pas non plus dans ta mollesse, toi qui viens d’apprendre que le Fils de Dieu est descendu pour les pécheurs ; écoute plutôt ce cri du même Apôtre : « Lève-toi, toi qui dors ; lève-toi d’entre les morts et le Christ t’éclairera[2] ». N’aime point à reposer sur cette couche de péché ; car il est écrit. « Vous avez bouleversé complètement le lit où sommeillait sa faiblesse[3] ». Lève-toi donc, guéris-toi, aime la santé, et dans ton orgueil ne va plus de la droite à la gauche, de la vallée à la montagne, de l’humilité à la fierté. Une fois guéri, quand tu auras commencé à vivre dans la justice, attribue ce bonheur, non pas à toi, mais à Dieu ; car ce n’est pas en te louant, mais en t’accusant que tu trouves le salut. Ta maladie deviendra même plus dangereuse, si tu t’exaltes avec orgueil. Quiconque s’élève, sera abaissé, et quiconque s’abaisse, sera élevé[4]. Tournons-nous avec un cœur pur, etc.


SERMON CLXXVI. LA GRACE DE DIEU[5].

ANALYSE. – Les trois saintes lectures que vous venez d’entendre se rapportent à la même vérité. Elles montrent 1° combien la grâce de Dieu est nécessaire à tous, même aux petits enfants ; 2° combien nous devons avoir confiance en elle, puisqu’elle sanctifie les plus grands pécheurs ; 3° enfin, avec quelle fidélité et quelle reconnaissance nous devons lui attribuer tout le bien qui peut se trouver en nous.

1. Ecoutez attentivement, mes frères, ce que le Seigneur daigne nous enseigner par ces divines lectures ; c’est de lui que vient la vérité, recevez-la par mon ministère. La première lecture est tirée de l’Apôtre : « Une vérité sûre et digne de toute confiance, dit-il, c’est que Jésus-Christ est venu au monde pour sauver ales pécheurs, dont je suis le premier. Mais j’ai obtenu miséricorde, afin que le Christ Jésus montrât en moi toute sa patience, pour a servir de leçon à ceux qui doivent croire en lui, en vue de la vie éternelle ». Voilà ce que nous a rappelé le texte de l’Apôtre. Nous avons ensuite chanté un psaume pour nous exciter les uns les autres ; d’une même voix et d’un même cœur nous y disions : « Venez, adorons le Seigneur, prosternons-nous et pleurons en présence du Dieu qui nous a créés » ; nous y disions encore : « Hâtons-nous d’accourir devant lui pour célébrer ses louanges, et chantons avec joie des cantiques à sa gloire ». Enfin l’Évangile nous a montré dix lépreux guéris, et l’un deux, il était étranger, rendant grâces à son Libérateur. Étudions ces trois

  1. Act. VII-IX
  2. Eph. 5, 14
  3. Psa. 40, 4
  4. Luc. 18, 14
  5. 1Ti. 1, 15, 16 ; Psa. 94, 6, 2 ; Luc. 17, 12-19