Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VII.djvu/221

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est assis, est donc ici synonyme de il demeure, il habite. Comment demeure-t-il ? Comme tu demeures toi-même. En quelle position ? Qui le dira ? Contentons-nous d’exprimer ce qu’il a enseigné, de parler de ce que nous savons.

5. Et puis ? « De là viendra juger les vivants et les morts ». Bénissons en lui le Sauveur pour ne pas redouter le Juge. Car celui qui maintenant croit en lui, qui accomplit ses préceptes et l’aime sincèrement, ne tremblera point quand il viendra juger les vivants et les morts ; non-seulement il ne tremblera point, mais il soupirera après son arrivée : Eh ! que peut-il y avoir pour nous de plus heureux que devoir venir Celui que nous désirons, Celui que nous aimons ? – Craignons néanmoins, puisqu’il sera notre juge. Il est maintenant notre avocat, mais il sera notre juge alors. – Écoute Jean : « Si nous prétendons être sans péché, nous nous séduisons nous-mêmes et la vérité n’est point en nous. Mais si nous confessons nos péchés, ajoute-t-il, il est fidèle et juste pour nous les remettre et pour nous purifier de toute iniquité. Je vous ai écrit ceci afin de vous détourner du péché. Si cependant quelqu’un vient à pécher, nous avons pour avocat, auprès du Père, Jésus-Christ le Juste ; et il est lui-même propitiation pour nos péchés[1] ». Je suppose que tu aies à soutenir une cause devant quelque juge ; tu vas trouver un avocat pour l’en instruire ; cet avocat t’accueille parfaitement, il plaide ta cause de son mieux, mais avant que la sentence soit rendue, tu apprends que cet avocat va être nommé ton juge : quelle joie d’avoir pour juge celui qui vient de te défendre ! Maintenant même c’est Jésus-Christ qui prie pour nous, qui intercède pour nous ; c’est lui que nous avons pour avocat, et nous craindrions de l’avoir pour juge ? Ah ! plutôt, puisque nous l’avons envoyé devant nous pour nous servir d’avocat et nous rassurer, espérons qu’il reviendra pour être notre juge.

6. Nous avons parcouru dans le Symbole ce qui a rapport à Jésus-Christ, le Fils unique de Dieu et notre Seigneur. On y dit ensuite : « Et au Saint-Esprit », pour compléter ce qui concerne la Trinité, père, Fils et Saint-Esprit. S’il a été parlé plus longuement du Fils, c’est que le Fils s’est fait homme, c’est que le Fils, le Verbe, s’est fait chair, et non pas le Père ni l’Esprit-Saint, quoique l’humanité du Fils soit l’œuvre de la Trinité tout entière, attendu que les œuvres de la Trinité sont inséparables. Croyez donc, en entendant parler ici du Saint-Esprit, qu’il n’est inférieur ni au Fils, ni au Père ; car le Père, le Fils et le Saint-Esprit, ou la Trinité tout entière, ne font qu’un seul Dieu. Il n’y a entre eux ni différence, ni variété, ni infériorité, ni opposition ; mais égalité, perpétuelle, invisibilité et immuabilité dans le Père, le Fils et l’Esprit-Saint : Ah ! daigne cette auguste Trinité nous délivrer de la multitude de nos péchés !

7. C’est à nous que se rapporte ce qui vient ensuite : « La sainte Église » ; car c’est nous qui sommes la sainte Église. Or, en disant nous, je ne veux pas que vous entendiez seulement ceux qui sont ici, ceux qui m’écoutent, ceux qui par la grâce de Dieu sont chrétiens et fidèles ici, dans cette église, dans cette ville ; mais encore tous ceux qui sont dans cette contrée, dans cette province, au-delà même de la mer et dans tout l’univers habité ; car d u levant au couchant on bénit le nom du Seigneur[2]. C’est là l’Église catholique, notre mère véritable et la véritable épouse de ce divin Époux. Honorons-la, puisqu’elle est la Dame d’un si grand Seigneur. Que dirai-je encore ? Son Époux a daigné faire pour elle d’incomparables merveilles : il l’a rencontrée prostituée et il l’a rendue vierge. Peut-elle nier ses prostitutions sans oublier la miséricorde de son Libérateur ? Comment dire qu’elle n’était pas prostituée, quand – elle se souillait avec les idoles et les démons ? Tous les hommes, hélas ! étaient adultères de cœur ; peu l’étaient de corps, mais tous l’étaient de cœur. Le Christ donc est venu et il a rendu vierge son Église. Elle est vierge par sa foi. Elle compte en petit nombre les vierges proprement dites, consacrées à Dieu ; mais sous le rapport de la foi tous en elle doivent être vierges, les hommes comme les femmes ; car tous doivent être chastes, purs, saints. Voulez-vous savoir combien l’Église est vierge ? Écoutez l’Apôtre saint Paul, cet ami zélé pour l’Époux et non pour lui-même. « Je vous ai parés, dit-il, pour l’Époux unique ». Ainsi parlait-il à l’Église ; et à quelle Église ? À toute l’Église qui pouvait recevoir ses lettres. « Je vous ai parés

  1. 1Jn. 1, 8-11, 2
  2. Psa. 102, 3