Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VII.djvu/232

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dont les sectes et les noms se trouvent trop nombreux, pour qu’on puisse les énumérer. Nous avons encore beaucoup de choses à vous dire, mais vous n’êtes pas maintenant capables d’en supporter le poids[1]. Il est une chose que je vous recommande d’obtenir par vos prières, c’est de détourner absolument l’esprit et l’oreille de celui qui n’est pas catholique, afin de pouvoir arriver à la rémission de vos péchés à la résurrection de la chair et à la vie éternelle, par le moyen de l’unique véritable et sainte Église catholique, où on apprend à connaître un seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit. À lui l’honneur et la gloire durant les siècles des siècles.


SERMON CCXVI. AUX POSTULANTS.

ANALYSE. – On sait que les Catéchumènes, c’est-à-dire ceux qui se disposaient à recevoir le baptême, étaient divisés en plusieurs classes. L’une de ces classes comprenait ceux que nous nommons ici Postulants, en latin Competentes. Ces Postulants étaient ceux qui demandaient à recevoir prochainement le baptême et dont l’instruction religieuse était ou paraissait suffisante. C’est à ces postulants que s’adresse ici saint Augustin, encore au début de son ministère sacerdotal, comme il le dit au commencement de son discours. Ce discours est consacré à leur donner plusieurs avis sur les dispositions avec lesquelles ils doivent se présenter au baptême, et on peut réduire ces dispositions au nombre de sept. Ils doivent donc : 1° renoncer au siècle pour ne s’attacher qu’à Dieu et à la vie future 2° mortifier courageusement leurs passions ; 3° lutter contre le démon auquel ils renoncent ; 4° se confier à l’Église qui détermine l’époque de leur baptême ; 5° estimer considérablement la vie nouvelle qui leur sera donnée ; 6° se préparer à en parcourir les degrés par la pratique de toutes les vertus et la fuite de tous les vices ; 7° enfin s’attacher à Dieu invinciblement et recourir à lui dans tous leurs besoins avec une confiance que rien n’ébranle.

1. Il faut aider par la prière les débuts de notre ministère et le moment où vous commencez à être conçus dans le sein de la foi, pour être engendrés par la grâce, il faut obtenir que notre parole vous soit salutaire et que votre dessein devienne pour nous une source de consolations saintes. Si nous vous instruisons de vive voix, c’est à vous d’avancer en vertu ; si nous semons en vous les enseignements sacrés, c’est à vous de produire les œuvres de la foi ; et tous ; selon la vocation où Dieu nous a conviés, courons dans ses voies et ses sentiers, que nul ne regarde derrière. La Vérité même, qui, ne trompe et ne saurait tromper jamais, ne dit-elle pas expressément : « Nul ne sera propre au royaume des cieux, si mettant la main à la charrue il regarde derrière[2] ? » Or, c’est ce royaume que vous convoitez, c’est à lui que vous aspirez de toutes les forces de votre âme, comme l’indique votre nom même de postulants, competentes. Que signifie effectivement ce terme de competentes, sinon ceux qui postulent ensemble. De même qu’on dit condocentes, concurrentes, concidentes pour désigner ceux qui instruisent ensemble, qui courent et sont assis en même temps ; ainsi le terme de compétentes ne s’applique qu’à ceux qui demandent, qui aspirent ensemble à un même but : Et quel est ce but unique auquel vous tendez, auquel vous voulez atteindre, sinon le but que proclame avec intrépidité ce grand cœur qui a foulé aux pieds les désirs charnels et triomphé des vaines terreurs du siècle. « Quand des armées camperaient autour de moi, s’écrie-t-il, mon cœur n’aurait pas de crainte ; quand le signal du combat serait donné contre moi, je tressaillerais d’espérance ». Et pourquoi ? qu’a-t-il en vue ? Il l’exprime aussitôt : « J’ai demandé une grâce au Seigneur et je la lui demanderai encore ; c’est d’habiter dans la maison du Seigneur tous les jours de ma vie ». Mais quelle est la félicité de cette habitation, de cet heureux séjour ? Il le montre sans différer : « Pour contempler, poursuit-

  1. Jn. 16, 12
  2. Luc. 9, 62