Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VII.djvu/231

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le signe de la croix sur le front, comme sur le siège de la pudeur. Pense à ton front, pour n’avoir pas peur de la langue d’autrui. « Celui qui aura rougi de moi devant les hommes, dit le Seigneur lui-même, le Fils de l’homme rougira de lui devant les anges de Dieu[1] ». N’aie donc pas honte de l’ignominie de cette croix dont Dieu même n’a pas hésité de se charger pour toi, et dis avec l’Apôtre : « Loin de moi la pensée de me glorifier, sinon dans la croix de Notre-Seigneur Jésus-Christ[2] ». Le même Apôtre te répondra encore : « J’ai estimé ne savoir parmi vous que Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié[3] ». Ah ! Celui qu’un peuple a attaché à là croix est maintenant fixé au cœur de tous les peuples.

6. Pour toi, qui que tu sois, qui préfères mettre ta gloire dans la puissance plutôt que dans l’humilité, console-toi, tressaille d’allégresse. Après avoir été, sous Ponce-Pilate, crucifié et enseveli, il est le troisième jour, ressuscité d’entre les morts. Tu doutes encore ? Tu crains encore ? Quand on te disait : Crois qu’il est né, crois qu’il a souffert, qu’il a été crucifié, mort et enseveli, tu croyais plus facilement, parce qu’il ne s’agissait en quelque sorte que d’un homme ; maintenant qu’on ajoute : Le troisième jour il est ressuscité d’entre les morts, tu doutes, mon ami ? Je pourrais te donner beaucoup de preuves, en voici une seulement : Pense à Dieu, songe qu’il est tout-puissant, et ne doute plus. S’il a pu te former du néant, lorsque tu n’existais pas ; pourquoi n’aurait-il pu ranimer au milieu des morts cette humanité qu’il avait prise ? Croyons donc, mes frères ; il ne faut pas un long discours, quand il s’agit de la foi. Or, c’est cette foi seule qui sépare, qui distingue les chrétiens des autres hommes. Qu’il soit mort et qu’il ait été enseveli, c’est ce que croient aujourd’hui les païens mêmes, c’est ce que virent les Juifs alors ; mais ni les païens ni les Juifs n’admettent que le troisième jour il soit ressuscité d’entre les morts. C’est ainsi que cette résurrection d’entre les morts distingue notre foi toute vivante de l’incrédulité morte. Aussi l’apôtre saint Paul écrivant, à Timothée lui dit : « Souviens-toi que Jésus-Christ est ressuscité d’entre les morts[4]. ». Croyons donc, mes frères, et espérons que s’accomplira en nous ce que nous voyons accompli dans le Christ. C’est Dieu qui nous en a fait la promesse, et Dieu ne trompe point.

7. Après sa résurrection d’entre les morts, il est monté aux cieux et il est assis à la droite de Dieu le Père. Ici peut-être tu ne crois pas encore. Ecoute l’Apôtre : « Celui qui est descendu, dit-il, est Celui-là même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour finir toutes choses[5] ». Ne crains-tu pas d’être châtié par Celui que tu refuses de croire ressuscité ? Car ne pas croire, c’est être déjà jugé[6]. Il siège donc aujourd’hui ; pour nous servir d’avocat, à la droite du Père, et c’est de là qu’il viendra juger les vivants et les morts. Croyons donc, afin qu’à la vie et à la mort nous soyons au Seigneur[7].

8. Croyons également au Saint-Esprit ; car il est Dieu, puisqu’il est écrit : « L’Esprit est Dieu[8] ». C’est par lui que nous recevons la rémission de nos péchés ; par lui que nous croyons à la résurrection de la chair ; par lui que nous espérons l’éternelle vie. Prenez garde toutefois de tomber dans l’erreur en calculant, de croire que j’ai nommé trois dieux en nommant un Dieu pour la troisième fois. Dans là Trinité, il n’y a qu’une seule nature divine ; qu’une seule puissance, qu’une même vertu, qu’une seule majesté, qu’un seul nom adorable. C’est ce qu’enseignait à ses disciples le Christ lui-même, lorsqu’il leur dit, après sa résurrection d’entre les morts : « Allez, baptisez les nations », non pas aux noms, au pluriel, mais, au singulier, « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit[9] ». En croyant ainsi à la divine Trinité et à l’unité des trois personnes divines, prenez garde, mes biens-aimés, de vous laisser séduire et entraîner hors de la foi et de l’unité, de l’Église catholique. « Si on vous prêche l’Évangile autrement que vous l’avez entendu, qu’on soit anathème ». Vous voyez ici non pas moi, mais l’Apôtre qui a dit encore : « Que ce soit nous ou un ange qui vous prêche l’Évangile autrement que vous l’ayez ouï, anathème[10] ! »

9. Vous reconnaissez donc clairement, mes bien-aimés, que jusque, dans les paroles du Symbole, on a fait intervenir la sainte Église comme la sanction et le complément des articles de notre foi. Par conséquent fuyez de toutes vos forces ces séducteurs de tout genre

  1. Mrc. 8, 38
  2. Gal. 6, 14
  3. 1Co. 2, 2
  4. 2Ti. 2, 8
  5. Eph. 4, 10
  6. Jn. 3, 18
  7. Rom. 14, 8
  8. Jn. 4, 24
  9. Mat. 28, 19
  10. Gal. 1, 9-8