Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome VIII.djvu/329

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paraît pas encore. Nous savons que quand il viendra dans sa gloire, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu’il est »[1]. Nous le verrons donc, mais quand ? Lorsque cette vie sera passée. Écoute l’apôtre saint Paul : « Nous ne voyons Dieu s maintenant que comme dans un miroir et sous des images, mais alors nous le verrons face à face »[2]. Donc, avant de voir le Verbe face à face, comme le voient les anges, il faut encore nous tenir à ces portes, auxquelles heurta le Seigneur, en s’humiliant jusqu’à la mort[3].
11. Que signifie encore « sa salive qui découlait sur sa barbe ? » Ce fut principalement en ce point « qu’il changea son visage devant Abimélech, ou Achis, qu’il quitta, et s’en alla »[4]. Car il quitta ceux qui ne le comprenaient point. Chez qui s’en alla-t-il ? Chez les Gentils. Pour nous, comprenons donc ce qu’ils ne purent comprendre. La salive découlait sur la barbe de David. Que désigne cette salive ? Des discours puérils, car les enfants laissent ainsi couler leur salive. Ces paroles : « Mangez ma chair, et buvez mon sang[5] », n’étaient-elles point des puérilités pour les Juifs ? Et néanmoins, ces puérilités cachaient sa force ; car la barbe est le symbole de la force ; et cette salive qui découlait sur sa barbe, que désignait-elle, sinon les paroles de faiblesse qui servent à voiler une grandeur infinie ? Votre sainteté, je le présume, a compris le titre du psaume ; et si nous entrons dans l’explication du texte, ii est à craindre que vos cœurs ne laissent échapper ce que vous avez entendu. Qu’il nous suffise d’avoir exposé ce titre au nom de Jésus-Christ Notre-Seigneur ; comme c’est demain jour de dimanche, et que nous devons parler, réservons-nous pour demain, afin que vous écoutiez plus volontiers le texte du psaume.

DEUXIÈME DISCOURS SUR LE PSAUME 33.

DEUXIÈME SERMON. – DISPOSITIONS A L’EUCHARISTIE.

Bénir le Seigneur en tout temps, c’est le porter par l’humilité, c’est s’approcher de la vraie sagesse sans jalousie, parce qu’elle peut être aimée de tous ; les schismatiques ne la veulent que pour eux. Purifions notre intérieur, afin que Dieu nous éclaire et nous comble de ses bénédictions intérieures.


1. Je ne doute nullement que ceux d’entre vous qui nous ont écouté hier, ne se souviennent de notre promesse. Il est temps d’acquitter notre dette avec le secours de Dieu. C’est lui qui nous a inspiré la promesse, lui aussi qui nous donnera de l’accomplir, mais nous vous serons toujours redevable de la charité. C’est la dette toujours acquittée et qui demeure toujours, selon cette parole de l’Apôtre : « Ne demeurez redevables de rien à personne, sinon de la charité mutuelle[6] ». Nous avons exposé hier le titre du psaume, et comme l’explication du texte nous eût retenus trop longtemps, nous avons ajourné cette explication. Écoutons donc ce que le Saint-Esprit nous dit par la bouche de son Prophète, et qui, dans le cours du psaume, a rapport au titre que nous expliquions hier. Ceux qui n’y étaient pas, me le réclament comme une dette ; mais de peur que si je m’y étendais encore comme hier, je ne trompasse l’attente de ceux envers qui je dois m’acquitter de ma promesse, que ceux qui sont présents aujourd’hui, et qui étaient hier absents, comprennent mon résumé autant qu’ils pourront. Ah ! s’ils veulent me questionner

  1. Jn. 3,2
  2. 1 Cor. 13,12
  3. Phil. 2,8
  4. 1 Sa. 21,13
  5. Mt. 26,26
  6. Rom. 13,8