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Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/321

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TRENTE-TROISIÈME SERMON.

SUR LA FÊTE DE PÂQUES.

(TREIZIÈME SERMON.)



ANALYSE. — 1. Toutes les créatures, et spécialement les chrétiens, sont invités à célébrer avec joie la fête de Pâques. — 2. Les néophytes sont invités d’une manière toute particulière à rendre grâces à Dieu. — 3. La persévérance est un de leurs principaux devoirs. — 4. Célébration pieuse et chrétienne de la fête de Pâques ; interprétation mystique. — 5. Conclusion.

1. Le jour que nous attendions vient de nous apparaître dans tout son éclat : la bienheureuse solennité que nous appelions de nos vœux est enfin arrivée ; le Seigneur a comblé nos désirs en nous donnant de célébrer le saint jour de Pâques. Frères bien-aimés, tressaillons de joie dans cette grande solennité, rendons à la divine bonté de vives et sincères actions de grâces, rehaussées par la sainteté de nos mœurs et par la ferveur de notre amour. Aujourd’hui le ciel et la terre se réjouissent ; les Anges mêlent leurs cantiques à ceux des hommes, et toute créature raisonnable redit : « Alleluia », c’est-à-dire : louez le Seigneur. Chantons tous ensemble : « Le Seigneur est grand et au-dessus de toute louange[1]. Le Seigneur est vraiment grand, sa puissance est sans bornes et sa sagesse sans mesure[2] ». Qui pourrait facilement énumérer, ou dignement expliquer les mystères de ce jour ? Le démon vaincu, l’empire de la mort détruit, Jésus-Christ ressuscitant plein de gloire et d’immortalité, la consommation de notre salut, tels sont les grands faits qui marquent à tout jamais la solennité de ce jour. Se peut-il pour nous, mes frères, un plus grand sujet de joie ? un bonheur plus complet ? un mystère plus sacré ? un sacrement plus admirable ? « C’est bien le jour que le Seigneur a fait ; réjouissons-nous et tressaillons d’allégresse[3] ». C’est le jour de notre renaissance, de notre renouvellement, de notre vivification, de notre rédemption, de notre sanctification, de notre illumination. « Autrefois nous étions ténèbres, aujourd’hui nous sommes lumière dans le Seigneur[4] ». Autrefois nous étions les captifs du démon, mais aujourd’hui nous confessons et nous disons au Seigneur « que nous avons été rachetés des mains de notre ennemi et rassemblés des régions les plus lointaines[5] ».

2. Mais, ô hommes nouveaux, en qui ce langage peut-il mieux s’appliquer qu’en vous, qui, plus que tout autre, apparaissez dans cette Église avec ces vêtements dont la blancheur est le symbole de la blancheur de vos âmes. Vous êtes « néophytes », c’est-à-dire une plantation nouvelle que le Père céleste, par le don du Saint-Esprit et par la vertu de Jésus-Christ notre Sauveur, a daigné purifier, sanctifier et placer dans le jardin de la terre du salut, par l’infusion d’une vie nouvelle. Que les fidèles de Dieu et de Jésus-Christ, que les « pauvres spirituels vous voient et se réjouissent, et que les filles de Judas tressaillent d’allégresse[6] », c’est-à-dire, que leur âme se confie dans le Seigneur, parce que « le Tout-Puissant a fait en nous de grandes choses[7] ». Telles sont assurément « les grandes œuvres accomplies en nous par le Seigneur, pour la réalisation de toutes ses volontés[8] ». Pour tous ceux qui vous contemplent, vous êtes en ce moment le chef-d’œuvre de la grâce de Dieu, le miroir de la pureté sans tache. Quiconque vous considérera sérieusement, ou bien se félicitera d’avoir conservé en lui-même ce précieux dépôt, ou bien se reprochera amèrement

  1. Ps. 47, 1
  2. Id. 146, 5
  3. Id. 117, 24
  4. Eph. 5, 8
  5. Ps. 106, 2
  6. Id. 47, 12
  7. Lc. 1, 40
  8. Ps. 110, 2