Aller au contenu

Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XI.djvu/699

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

et une mortelle donne le jour à l’Immortel. Celui qui n’a pas de corps se renferme en terre, et celui qui a un corps devient habitant des cieux. Dieu se fait homme et il se relève. Le genre humain tout entier est souillé par Eve, et Marie le purifie. Eve est donc bienheureuse, puisqu’elle a donné l’occasion de tant de merveilles ; mais bien plus heureuse est Marie, car elle nous a guéris de tous nos maux ! Heureuse Eve ! elle est devenue la mère du genre humain ! bien plus heureuse est Marie ! elle a mis au monde le Christ. L’une est donc préférable à l’autre, mais toutes deux méritent nos louanges. En effet, si Eve, de qui descendait Marie, n’avait d’abord failli, le Christ n’aurait point rendu Marie heureuse ; et il ne se serait point abaissé jusqu’à nous, si Eve n’avait d’abord prévariqué ici-bas. L’une s’appelle la mère des hommes, l’autre la mère de la grâce ; l’une nous a formés, l’autre nous a fortifiés ; par Eve, nous grandissons, nous régnons par Marie. Celle-là nous a jetés à terre, celle-ci nous a élevés jusqu’au ciel. En deux mots, voici tout le mystère de la loi : Eve et Marie conspirent toutes deux au même but, comme tous les hommes s’en sont écartés. En Eve se trouvait originairement Marie, et c’est par Marie qu’Eve a été plus tard réhabilitée.


TRENTE-CINQUIÈME SERMON.
UNITÉ DANS LA TRINITÉ, ET INCARNATION DU SEIGNEUR.

ANALYSE. —1. L’orateur pria le Christ de nous enseigner ce qu’il est. —2. Que le Christ soit Dieu ; c’est un point de foi prouvé par ses propres paroles. —3. parle témoignage du divin Paul. —4. par celui de saint Pierre. —5. par les paroles de saint Jean. —6. par le témoignage que le Père a rendu du Fils. —7. La Trinité est un seul Dieu. —8. Réfutation de l’hérésie. La verge du pasteur. —9. Nous devons tous imiter les exemples des saints.

1. Venez, Seigneur Jésus-Christ, notre Sauveur, qui partagez à degré égal, avec le Père, la souveraine puissance ; venez et écrasez la tête du grand dragon, et dites-nous ce que vous êtes ; car Arius nous enseigne autre chose que ce que vous êtes. Parlez ; oui, parlez, nous voulons entendre de votre bouche ce qui doit nous aider à confondre les hérétiques.

2. Écoutez, frères bien-aimés, ce que dit le Sauveur : « Je suis la voie, la vérité et la vie ; personne ne vient au Père si ce n’est par moi[1] ». En tant que Dieu, il est la vérité et la vie ; en tant qu’homme, il est la voie. Et toi, hérétique Arien, tu prétends que la vérité et la vie sont moindres que la divinité ; aussi, et par une conséquence naturelle, tu ne pourras jamais arriver jusqu’au Père. Mais, Seigneur Jésus, continuez à écraser la tête du dragon : dites-nous ce que vous êtes avec le Père ; nous voulons entendre vos leçons et non les blasphèmes de l’hérésie. Dites-nous qui vous êtes avec le Père : « Le et Père et moi, nous sommes un[2] ». Dites encore : « Je suis dans le Père, et le Père est en moi[3] ». Puis : « Celui qui me voit, voit aussi mon Père[4] ».

3. O hérétique, crois-tu déjà à une pareille autorité ? ou bien n’admets-tu pas le témoignage que le Sauveur lui-même rend de sa propre personne ? Tu veux d’autres témoins ? eh bien ! nous allons en citer contre toi, qui te convaincront d’erreur. Nous vous appelons comme témoin, seigneur Paul, vous qui avez résisté jusqu’au sang pour rendre ce témoignage, vous qui avez mieux aimé mourir que de céder à une fausse doctrine ; parlez donc, oui, parlez, afin que celui qui redoute

  1. Jn. 14, 6
  2. Jn. 10, 30
  3. Id. 14, 10,11
  4. Id. 9