CHAPITRE PREMIER. SUJET DU DISCOURS.
1. Par l’organe de l’Ecriture, le Seigneur vient de nous faire entendre sa voix et nous adresse cette pressante exhortation : « Recevez la discipline dans la demeure de l’enseignement ». Le disciple est celui qui apprend, la demeure de la discipline c’est l’Église de Jésus-Christ. Qu’y apprend-on ou pourquoi y apprendre quelque chose ? Quels sont ceux qui apprennent et par qui l’enseignement leur est-il donné ? On apprend à bien vivre, et l’on apprend à bien vivre pour mériter le bonheur de vivre toujours. Les disciples ce sont les chrétiens, le maître c’est Jésus-Christ. Qu’est-ce que bien vivre ? quelle est la récompense d’une vie sainte ? .quels sont les véritables chrétiens ? enfin quel est notre véritable maître ? telles sont les questions dont nous voulons vous dire quelques mots si Dieu nous en fait la grâce.
Nous sommes tous dans la maison de la discipline, mais plusieurs ne veulent pas avoir de discipline ; et pour comble de perversité, c’est dans la maison même de la discipline qu’ils ne veulent pas avoir de discipline. Ne devraient-ils pas y recevoir la discipline, afin de pouvoir la conserver jusque dans leurs propres demeures ? Mais non, comme si ce n’était point assez pour eux d’être indisciplinés dans leurs propres demeures, ils prétendent rester tels jusque dans la maison même de la discipline. Eh bien ! ceux qui ne rejettent pas la parole de Dieu, mais lui prêtent à la fois l’attention de leur oreille et de leur cœur ; ceux qui ne ressemblent point à la voie publique sur laquelle les oiseaux dévorent la semence aussitôt qu’elle y est répandue ; ceux qui ne ressemblent pas à ces terrains pierreux dans lesquels la semence ne saurait prendre de profondes racines, croît un moment et se dessèche aussitôt ; ceux qui ne ressemblent pas à ce champ couvert d’épines dont l’épaisseur étouffe bientôt les germes de la semence ; ceux enfin qui se trouvent figurés par cette terre bonne, parfaitement préparée à recevoir la semence et qui rapporte cent, ou soixante, ou trente pour un, ceux-là recevront avec empressement les enseignements qu’il plaira au Seigneur de m’inspirer ; du reste, n’oubliez pas, vous que des raisons légitimes amènent aujourd’hui autour de cette chaire d’enseignement ; n’oubliez pas que ce n’est pas sans raison que j’emprunte à l’Evangile ces touchantes paraboles. Puisque Jésus-Christ est le divin semeur, que suis-je donc moi-même ? A peine suis-je le panier qui renferme le grain. Il veut bien déposer en moi la semence qu’il va jeter dans vos cœurs. Ne vous arrêtez pas à la bassesse du panier, mais soyez sensibles au prix de la semence et à la puissance du semeur.
CHAPITRE II. QU’EST-CE QUE BIEN VIVRE.
2. Qu’est-ce que cet art de bien vivre que nous apprenons ici ? La loi renferme une multitude de préceptes qui sont comme les règles, les lignes et l’alphabet d’une vie bonne. Oui, ces préceptes sont nombreux et pour ainsi dire innombrables. A peine peut-on énumérer les pages dans lesquelles ces préceptes sont renfermés ; que serait-ce s’il s’agissait d’énumérer ces préceptes eux-mêmes ? Toutefois, afin de ne laisser à personne la ressource de s’excuser, soit parce qu’on ne les aurait pas lus, soit parce qu’on ne savait pas lire, soit parce qu’on ne pouvait que difficilement les comprendre, le Seigneur, afin de rendre cette excuse impossible au jugement dernier, a voulu résumer en une seule parole toute la loi, selon cette prédiction du prophète : « Dieu jettera sur la terre une parole qui condensera et résumera toutes les