Page:Augustin - Œuvres complètes, éd. Raulx, tome XII.djvu/417

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

qui l’avait porté, et qui toujours resta vierge. On s’accorde également à mettre la naissance de Jésus-Christ au huit des calendes de janvier, ce qui nous donne à partir de sa conception le nombre de deux cent soixante-seize jours, nombre où six est répété quarante-six fois. Qui ne voit maintenant le rapport de ce nombre avec les années que l’on mit à bâtir le temple, puisque ce fut pendant un égal espace de jours que se forma dans le sein de Marie ce corps du Sauveur Jésus qui devait mourir sur la croix et puis ressusciter le troisième jour ? Car l’évangéliste saint Jean observe expressément que « Jésus-Christ parlait du temple de son corps (Jean, II, 21 ) ». Nous entendons encore dans saint Matthieu le divin Sauveur s’exprimer avec non moins de force et d’évidence, quand il dit : « Comme Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre de la baleine, ainsi le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre (Matt., XII, 40 ).


CHAPITRE VI. LES TROIS JOURS QUI PRÉCÉDÈRENT LA RÉSURRECTION.


10. Mais ici encore nous ne trouvons point, selon le récit évangélique, trois jours pleins et complets. Car le premier et le dernier sont comptés chacun pour un jour entier, et toutefois l’un ne commença que vers le soir, et l’autre n’embrassa que quelques heures de la matinée. Le second seul fut complet, et dura vingt-quatre heures, douze de nuit, et douze de jour. Et en effet, Jésus-Christ fut condamné à mort, sur la demande des Juifs, le sixième jour de la semaine, et à la troisième heure du jour. Il fut crucifié le même jour à la sixième heure, et rendit le dernier soupir à la neuvième. Mais « il était déjà tard ». lorsqu’il fut enseveli ; et cette expression de l’évangéliste saint Marc signifie que la sépulture eut lieu au déclin du jour (Marc., XV, 42-45). Ainsi, quand même vous suivriez le calcul de saint Jean qui marque le crucifiement à la troisième heure, vous ne trouveriez point un jour entier, et toujours vous seriez obligé de n’y comprendre que quelques heures du soir, de même que le dernier ne renfermera que quelques heures de la matinée. Et en effet, entre le soir du second jour jusqu’au matin de celui qui vit s’accomplir la résurrection du Sauveur, se placera le troisième jour. Ainsi le Dieu qui a dit à la lumière de jaillir des ténèbres et qui a voulu qu’en participant à la grâce du nouveau Testament, et à la résurrection de Jésus-Christ, nous pussions entendre dire « ayant été autrefois ténèbres, nous sommes maintenant lumière en notre Seigneur ( Cor., IV, 6 ; Eph., V, 8 ) », nous fait en quelque sorte entendre par là que le jour commence à la nuit. Nous voyons encore par la Genèse, qu’en prévision de la chute de l’homme, les jours furent d’abord comptés du matin au soir, et de même ici, par allusion à sa rédemption, ils sont comptés du soir au matin. De plus, observons que Je nombre des heures, y compris la neuvième, qui s’écoulèrent depuis la mort du Sauveur jusqu’à sa résurrection, est de quarante. Or, c’est également pendant quarante jours qu’il resta sur la terre après sa résurrection ; et dans l’Ecriture ce nombre quarante désigne souvent, par son rapport avec les quatre éléments du monde, l’idée d’une perfection absolue. Dix est en effet un nombre parfait, et quatre fois dix font quarante. D’un autre côté nous comptons trente-six heures depuis le soir de la sépulture du Sauveur Jésus, jusqu’au matin de sa résurrection, c’est-à-dire six fois six. Au reste le rapport de l’unité à la dualité est le principe de la plus belle harmonie ; ajoutez donc douze heures à vingt-quatre, et vous aurez trente-six, c’est-à-dire tout un jour de vingt-quatre heures, et douze heures de nuit, ce qui ne laisse pas, comme je l’ai déjà observé, d’être un calcul mystérieux. Car il nous est bien permis de considérer le jour comme symbole de l’âme, et la nuit comme symbole du corps, puisque dans sa mort et dans sa résurrection, la sainte humanité du Sauveur figurait la mort et la résurrection de notre âme et de notre corps. Tel est donc dans le nombre trente-six le rapport de l’unité à la dualité, puisque douze ajouté à vingt-quatre nous donne trente-six. Au reste chacun peut rechercher les motifs qui ont conduit les écrivains sacrés à mentionner ces divers nombres. J’en ai donné quelques raisons, mais d’autres peuvent en apporter ou de meilleures, ou d’équivalentes. Seulement bien ignorant serait celui qui ne voudrait voir dans ces nombres aucune raison secrète et mystique. Pour moi, j’ai exposé celles que m’ont fournies la tradition et