l’autorité de l’Église, le témoignage des saintes Ecritures et la constante harmonie des nombres. Au reste, nul n’est sage s’il contredit la raison, nui n’est chrétien s’il rejette l’Ecriture, et nul n’est ami de la paix s’il combat l’Église.
CHAPITRE VII. UNION DES FIDÈLES.
11. Nous reconnaissons donc en ces nombres mystérieux, non moins que dans le sacrifice du Calvaire, le prêtre et le Dieu, qui avant de paraître parmi nous et de naître de la femme, a voulu s’annoncer mystiquement à nos pères, Et en effet ces diverses apparitions d’anges, dont ils ont été favorisés, et les divers prodiges qu’opérèrent ces esprits célestes, ne furent que l’ombre et la figure du grand mystère de l’incarnation. C’est ainsi que toute créature prédisait à sa manière le futur avènement de celui qui devait être l’unique Sauveur des hommes. Le péché nous avait séparés du Dieu suprême, unique et véritable ; et, entraînés sur sa pente fatale, nous nous étions éloignés des principes de la vie. Nous nous étions ainsi évanouis en nos pensées, et brisant les liens qui nous rattachaient au ciel, nous étions devenus les captifs volontaires du monde et du démon. Il fallait donc, selon les conseils et les décrets d’un Dieu plein de miséricorde, que toutes les créatures proclamassent l’arrivée de notre unique Rédempteur, qu’il vint lui-même appelé par les cris et les soupirs de toute l’humanité, et qu’au ciel comme sur la terre tout attestât son heureux avènement. Il fallait encore que l’homme délivré de ses nombreux ennemis, se jetât aux pieds de son unique Libérateur, et que souillé de mille péchés qui avaient donné la mort à son âme, et même à son corps, il en vînt à aimer Celui qui seul pur, saint et immaculé, a voulu mourir comme homme, pour racheter l’homme. Enfin, il fallait que, croyant en sa résurrection, nous puissions par la foi ressusciter avec lui en esprit, et être justifiés en celui qui est le juste par excellence. Nous ressusciterons donc nous-mêmes en notre chair, puisque celui qui est la tête du corps dont rions sommes les membres, est ressuscité le premier. C’est par la foi en ce divin Rédempteur qu’aujourd’hui nous sommes purifiés ; mais alors, confirmés en grâce par la vision béatifique, et réconciliés avec le Seigneur notre Dieu, par la médiation de Jésus-Christ, nous lui serons unis, nous jouirons de lui, et nous demeurerons éternellement avec lui.
CHAPITRE VIII. LE CHRIST VEUT CETTE UNION.
12. Telle est l’ineffable unité que dans le discours après la Cène, le Sauveur demandait pour nous à son Père, lui le Fils de Dieu, le Verbe de Dieu qui, devenu Fils de l’homme, s’est constitué notre médiateur auprès de Dieu, et qui, égal à son Père en unité de nature divine, est notre frère par ressemblance de la nature humaine. Voici donc ces paroles où Jésus-Christ prie comme homme, mais où il rappelle aussi que comme Dieu il est un avec son Père : « Je ne prie pas pour eux seulement, mais encore pour ceux qui doivent croire en moi par leur parole, afin que tous ils soient un, comme vous, mon Père, en moi, et moi en vous ; qu’ils soient de même un en nous, afin que le monde croie que vous m’avez envoyé. Et je leur ai donné la gloire que vous m’avez donnée, afin qu’ils soient un, comme nous sommes un (Jean, XVII, 20, 22. ) ».
CHAPITRE IX. MÊME SUJET.
Observons ici que Jésus-Christ ne dit pas : Je prie, afin qu’eux et moi soyons un, quoiqu’en qualité de chef du corps qui est l’Église, il eût pu le dire, parce qu’en effet l’Église ne forme qu’un seul corps avec Jésus-Christ, qui en est le chef. Mais il veut nous montrer sa consubstantialité avec son Père ; aussi de même que dans un autre endroit il avait dit : « Le Père et moi sommes un ( Id., X, 30 ) », c’est-à-dire qu’il y a entre nous une parfaite égalité de nature, il prie ici pour que ses disciples soient un en lui. Et en effet, ceux-ci ne pouvaient être un en eux-mêmes, parce que les passions, les plaisirs coupables et le péché les éloignaient les uns des autres. C’est pourquoi Jésus, notre divin médiateur, nous purifie d’abord de nos souillures, et puis nous fait un en lui-même. Mais cette admirable unité n’est point seulement une unité de nature qui rendrait tous les hommes égaux entre eux, ainsi que dans le ciel, les anges sont égaux ; elle est surtout une unité de volonté qui réunit comme en un faisceau toutes les volontés, et les fait