Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/27

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n’eussent pas oublié ce que savaient déjà les Pères du iie siècle[1], savoir, que les Évangiles ne sont pas des histoires proprement dites, des biographies dans le sens rigoureux du mot, mais qu’ils sont surtout la rédaction écrite de ce que les Apôtres avaient attesté comme parole de Jésus-Christ et proposé comme objet de foi touchant sa personne, ou, si l’on veut, la prédication même des Apôtres fixée par écrit et présentée sous une forme historique[2].

Que les Évangiles aient été écrits par les auteurs dont ils portent les noms, c’est un point qui sera, nous osons l’espérer, démontré avec une irrésistible évidence dans la préface particulière de chacun d’eux. Qu’il nous suffise ici de présenter une simple observation de bon sens qui nous paraît s’élever à la hauteur d’une démonstration véritable. Nous l’empruntons à M. Wallon[3], lequel l’emprunte lui-même au docteur Norton, auteur d’un savant ouvrage sur l’authenticité des Évangiles[4]. La

  1. S. Justin, martyr, appelle les Évangiles Mémoires des Apôtres ; comp. Apolog. I, 33, 66 ; Tertullien les nomme Commentaires, Commentarios, et leurs auteurs Commentatores, en prenant ces mots dans le sens qu’y attachaient les anciens.
  2. Que de difficultés s’évanouissent à ce point de vue ! On ne s’étonnera plus, dès lors, en comparant entre eux les Évangiles, d’y rencontrer ici des omissions, là des différences dans la distribution des matières, quelquefois même des contradictions apparentes, qu’un examen attentif fait disparaître ; surtout on se gardera, comme on l’a fait trop légèrement, d’en tirer des conclusions contraires à l’authenticité ou à l’intégrité de tel ou tel Évangile.
  3. De la Croyance due à l’Évangile, p. 75 sv.
  4. Norton, The Evidences of the Genuines of the Gospel, tom. I, 183 sv. La première idée de cet argument se trouve dans S. Jean Chrysostome, Homil. I in Matth. Proœm.