Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/28

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coexistence seule de nos quatre Évangiles, dit M. Wallon, prouve qu’ils sont du temps et des auteurs auxquels ils sont attribués. En effet, les quatre Évangiles ont-ils été publiés tous à la fois, ou l’un après l’autre ? Tous à la fois, nul ne le pensera : pourquoi quatre ? Pourquoi tout particulièrement les trois premiers avec leurs différences et leurs ressemblances aussi inexplicables ici que leurs différences ? L’un après l’autre ? Mais, l’un admis, on ne conçoit plus que les autres l’aient pu être : en tant que semblables, ils devenaient inutiles ; en tant que différents, dangereux. Ici, nous pouvons prendre les armes mêmes de nos adversaires pour les combattre. Il y a, dites-vous, dans les Évangiles des divergences flagrantes et de temps et de lieu ; des faits que l’un raconte, un autre les ignore ou les range dans un ordre différent ; on y trouve même des contradictions qui frappent dès le premier regard, par exemple dans les généalogies de saint Matthieu et de saint Marc. Pourtant, ils ont été admis, quoique paraissant se contredire, tandis que les Évangiles apocryphes, dont la curiosité populaire devait, ce semble, accueillir avec faveur les inventions naïves et souvent gracieuses, ont été rejetés. Comment expliquer le rejet de ceux-ci et l’admission des premiers ? Il n’y a qu’une seule explication possible : pour que des récits aussi divers, et en apparence aussi contradictoires que nos Évangiles, aient pu paraître l’un après l’autre et se faire recevoir en même temps, il faut qu’ils n’aient pas