Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/31

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désiré les posséder ; ils tenaient la place d’un Apôtre bien-aimé que son zèle et sa mission divine avaient emporté en d’autres lieux ; c’était un écho de sa prédication, que dis-je ? c’était la parole de Jésus-Christ. Qui eût osé porter une main téméraire sur ces textes vénérés ?

2o Le premier but que l’on se proposa en faisant la collection des Évangiles — et des écrits apostoliques en général — fut leur usage public, officiel dans les assemblées chrétiennes. Nous voyons au livre des Actes (xx, 7), que les fidèles se réunissaient le dimanche pour la célébration du sacrifice eucharistique, et, dans ces assemblées, on lisait des fragments des écrits de l’Ancien Testament. Mais, à mesure que les Évangiles se répandirent dans l’Église, ils furent employés, avec la même vénération et dans le même but, à côté des premiers ou alternativement avec eux. L’introduction de cette coutume date des Apôtres : on en trouve des traces partout[1]. Saint Justin, martyr (vers l’an 140), nous en donne une exposition détaillée. « Au jour appelé du soleil, tous ceux qui habitent, soit les villes, soit la campagne, se réunissent en un même lieu. Pendant cette réunion, on lit les Mémoires des apôtres, que l’on appelle Évangiles[2], ou les écrits des Prophètes, autant que faire se peut. Lorsque le lecteur a fini, celui qui préside fait un discours[3], » etc. Or, le règlement de la liturgie

  1. Tertull. Apolog. xxxix ; ad Uxor, ii, 6 al.
  2. Apol. i, 66.
  3. Apol. i, 67.