Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/423

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mencement en Dieu[1]. Tout a été fait par lui[2], et rien de ce qui a été fait, n’a été fait sans lui[3]. En lui était la vie[4], et la vie était la lumière des hommes[5]. Et la lumière luit dans les ténèbres[6], et les ténèbres ne l’ont point comprise[7]. Il y eut un

    que ici l’éternité du Verbe. — Le Verbe, c’est-à-dire le Fils de Dieu, la deuxième des trois personnes divines. Voyez le mot Logos dans le Vocabulaire. — En Dieu. Les prépositions gr. et. lat. se rendraient plus littéralement par avec ou chez Dieu. Saint Jean marque ici la distinction des personnes entre le Verbe et le Père. Il dit Dieu, et non le Père, parce que, dans ce qui précède, il a dit le Verbe, et non le Fils. — Était Dieu. « Non-seulement le Verbe était avec Dieu, dit saint Cyrille, mais encore il était Dieu, afin que nous sachions qu’il est distinct du Père par la personnalité, et consubstantiel au Père par l’unité de nature. » Trois choses sont donc exprimées dans ce premier verset : l’éternité, la personnalité, et la divinité du Verbe.

  1. Résumé du premier verset. Saint Jean répète souvent les mêmes pensées pour les mieux inculquer.
  2. Saint Irénée appelle le Verbe la main de Dieu (Hær. iii, 21. Littér., par son moyen, avec son intervention (en lat. per, non a ou ab), ce qui indique que le Verbe n’est pas le seul et absolu créateur du monde, à l’exclusion du Père et du Saint-Esprit. Comp. Sagesse, xi, 18 ; Hébr. xi, 3 ; Ps. xxxii, 6.
  3. Saint Augustin et d’autres Pères ponctuent autrement : Et rien n’a été fait sans lui. Ce qui a été fait était vie en lui, vivait dans le Verbe par son idée et sa pensée éternelle. Cette interprétation est moins dans la génie de notre Évangéliste ; mais c’est à tort que saint Chrysostome l’appelle hérétique et dénuée de sens.
  4. Le Verbe est pour les hommes le principe de la vie et de la lumière dans l’ordre naturel et dans l’ordre surnaturel. Mais il est probable que par le mot vie, saint Jean entend surtout, ici comme ailleurs, la vie surnaturelle et divine qui commence ici-bas par la grâce, et se consomme au ciel par la gloire. Cette réflexion s’applique au mot lumière, dans le second membre.
  5. La vie, c’est-à-dire le Verbe, l’effet pour la cause. D’après le P. Patrizzi, il faudrait traduire : Et la lumière des hommes était la vie. Cette lumière, dit-il, est celle que le Verbe répand dans les âmes par sa doctrine, la lumière de la foi unie à la charité ; elle est le principe de la vie, soit de la grâce, soit de la gloire.
  6. Les ténèbres désignent ici, par métonymie, les hommes qui vivent dans l’ignorance des choses divines et dans le péché.
  7. La plupart ont refusé de la recevoir.

    Le vers. 5 doit-il s’entendre seulement des temps qui ont précéda l’incarnation, ou bien la pensée de l’Évangéliste embrasse-t-elle aussi la lumière du Verbe incarné ? Les interprètes ne sont