Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/437

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16 Car Dieu[1] a tellement aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique, afin que tout homme qui croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger[2] le monde, mais afin que le monde soit sauvé par lui. Celui qui croit en lui n’est pas condamné ; mais celui qui ne croit pas est déjà condamné, parce qu’il ne croit pas dans le nom du Fils unique de Dieu[3]. Et la cause de cette condamnation, c’est que la lumière est venue dans le monde, et que les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises[4]Car quiconque fait le mal, hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient découvertes. Mais celui qui fait la vérité, vient à la lumière, afin que ses œuvres apparaissent, parce qu’elles sont faites en Dieu[5].

    Ainsi tous les hommes, blessés à mort par l’antique Serpent, seront sauvés en jetant un regard de foi et d’amour sur Jésus élevé en croix. — La vie éternelle, ici, c’est la justification et l’union avec Jésus-Christ, la qualité de fils et d’héritier de Dieu, la grâce en cette vie, et la gloire dans l’autre.

  1. Dans les vers. qui suiv. (16-21), à ne considérer que la forme, c’est saint Jean qui parle ; mais le contenu a été dit équivalemment par N.-S. Quoique les termes soient choisis à dessein pour combattre les hérésies que saint Jean avait en vue, l’Évangéliste ne joue d’autre rôle que celui de pur interprète des pensées de son Maître.
  2. Dans le sens de condamner.
  3. Hébraïsme : c’est-à-dire, ne croit pas que le Christ est le Fils unique de Dieu.
  4. Nous sommes faits pour la lumière, nous n’aimons que la lumière, et pourtant, par un autre côté de notre être, côté vil et honteux, nous affectionnons les ténèbres et les amassons à plaisir autour de nous. C’est qu’il existe, entre la vérité et le devoir, une liaison qui fait que les questions de l’esprit sont aussi des questions du cœur. Chaque découverte en Dieu nous menace d’une vertu, d’un sacrifice de l’orgueil ou des sens ; la faiblesse et les passions viennent au secours de l’erreur et trop souvent lui procurent la victoire. Lacordaire.
  5. La vérité pratique, le bien. — En Dieu, selon Dieu, selon son bon plaisir, son inspiration. —