Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/478

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cet homme qui a péché, ou ses parents, pour qu’il soit né aveugle[1] ? Jésus répondit : Ce n’est point qu’il ait péché, ni ses parents, mais afin que les œuvres de Dieu soient manifestées en lui. Il faut, pendant qu’il est jour, que je fasse les œuvres de celui qui m’a envoyé ; la nuit vient, où personne ne peut agir[2]. Tant que je suis dans le monde, je suis la lumière du monde. Ayant dit cela, il cracha à terre, et ayant fait de la boue avec sa salive, il l’étendit sur les yeux de l’aveugle, et lui dit : Allez vous laver dans la piscine de Siloé (mot qui veut dire envoyé)[3]. Il y alla, se lava, et revint voyant[4].

Les gens du voisinage, et ceux qui l’avaient vu auparavant demander l’aumône, disaient : N’est-ce pas là celui qui était assis et mendiait ? Les uns répondaient : C’est lui ; d’autres : Non, mais il lui ressemble.

  1. Beaucoup de Juifs étaient imbus de la fausse opinion que tout mal physique était la peine d’un péché personnel. Les rabbins enseignaient aussi qu’un enfant pouvait pécher dès le sein de sa mère.
  2. Le jour, c’est le temps de la vie mortelle du Christ. La nuit, c’est la mort, dont la nuit est l’image.
  3. La fontaine de Siloé était située au pied de la montagne du temple, au sud-est de Jérusalem, en dehors des murs ; il s’en échappait deux ruisseaux qui alimentaient deux piscines, l’une appelée piscine de Salomon, l’autre piscine de Siloé (comp. vii, 38). Cette dernière existe encore aujourd’hui ; et aujourd’hui encore, comme aux temps de Josèphe et de saint Jérôme, la source ne coule qu’à de certains intervalles. Quoique environnée du respect de toutes les nations, elle n’en sert pas moins aux usages profanes de la vie, et les femmes des environs y viennent emplir leurs urnes et laver leur linge.
  4. Ni la boue, ni l’ablution n’avaient en soi la vertu de produire la guérison d’un aveugle ; mais Jésus se servit de ces moyens extérieurs, soit pour éprouver la foi et l’obéissance de cet homme, soit pour apprendre aux Juifs qu’il était permis, le jour du sabbat (vers. 14), de porter aux malades des secours effectifs, soit enfin pour signifier que, dans son royaume (l’Église), les grâces intérieures seraient communiquées et produites par des signes extérieurs, les Sacrements.