Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/523

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moi en vous, qu’eux aussi soient un en nous, et qu’ainsi le monde croie que vous m’avez envoyé[1]. Et je leur ai donné la gloire que vous m’avez donnée[2], afin qu’ils soient un comme nous sommes un. Je suis en eux, et vous en moi, afin qu’ils soient consommés en un, et que le monde connaisse que vous m’avez envoyé, et que vous les avez aimés comme vous m’avez aimé[3]. Mon Père, ceux que vous m’avez donnés, je veux que là où je suis, ils soient avec moi, afin qu’ils voient ma gloire que vous m’avez donnée, parce que vous m’avez aimé avant la création du monde[4]. Père

  1. Tous, apôtres et fidèles. — Ainsi, en voyant cette belle unité. — Envoyé, et que mon œuvre est divine.
  2. Quelle est cette gloire ? Bossuet : Celle qui devait être donnée à Jésus-Christ selon sa nature humaine dans sa résurrection et son ascension ; cette gloire nous sera donnée, puisque nous ressusciterons. Saint Chrysostome : La véritable doctrine et le pouvoir d’opérer des miracles. Corn. Lapierre, Klofutar : La qualité d’enfants de Dieu, que Notre-Seigneur possède par nature, nous par adoption, et l’éternelle béatitude qui en est la conséquence. Ce dernier sens nous paraît le véritable.
  3. En eux, par la foi, principe de l’union de l’homme avec Dieu, et par l’Esprit-Saint qui habite dans les âmes. — Consommés en un, c’est-à-dire parfaitement un. — Les avez aimés, leur ayant donné par adoption la qualité d’enfants de Dieu, que moi, votre Fils unique, je possède par nature. « Nous avons été faits participants du Christ, dit saint Paul (Hébr. iii, 14), si toutefois nous retenons fermement jusqu’à la fin le commencement de sa substance (la grâce) qui est en nous. Et saint Pierre, surpassant encore l’énergie et la clarté de ce langage, recommande aux premiers fidèles les dons et les promesses par où ils ont été appelés au partage de la nature divine (II, i, 4). Ainsi, aucun doute n’est permis sur le sens où il faut entendre l’union de l’âme avec Dieu dans l’ordre surnaturel. Cette union est une sorte de déification qui, sans confondre le fini avec l’infini, le créé avec l’incréé, les met dans un rapport si étroit, que non-seulement l’homme pense comme Dieu, mais que Dieu est dans l’homme par une pénétration réelle de sa substance, à la manière dont le feu est dans le fer qu’il transfigure par sa lumière et sa chaleur sans le dénaturer ni se dénaturer lui-même. » Lacordaire. Le lien de cette union, c’est l’Esprit-Saint, qui est l’Esprit du Père et du Fils, habitant substantiellement dans l’âme fidèle.
  4. Où je suis, dans le ciel. — Voient ma gloire, — et, en la voyant,