Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/64

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vient[1] ? Faites donc de dignes fruits de pénitence. Et ne vous complaisez point à dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père. Car je vous dis que de ces pierres mêmes Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Déjà la cognée est à la racine de l’arbre : donc tout arbre qui ne porte pas de bon fruit sera coupé et jeté au feu. Moi, je vous baptise dans l’eau pour la pénitence ; mais celui qui doit venir après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter sa chaussure[2] ; il vous baptisera dans l’Esprit-Saint et dans le feu[3]. Sa main tient le van, et il nettoiera son aire, il amassera son froment dans son gre-

  1. La colère qui vient, c’est la damnation éternelle, l’enfer dont Notre-Seigneur nous a délivrés, dit S. Paul (I Thess., i, 10) ; de même le jour de la colère, c’est le jour du jugement. Comp. vers. 12.
  2. La chaussure, chez les Juifs, consistait en sandales, qui s’attachaient aux pieds avec des courroies : les attacher, les détacher et les porter à la main à l’entrée des appartements, était un service réservé aux esclaves. Allioli.
  3. Si l’on prend le mot baptiser dans le sens propre, cela signifie que le baptême de Jésus-Christ, à la différence de celui de Jean-Baptiste, est accompagné de l’Esprit-Saint et de la grâce sanctifiante, qu’il a par lui-même une vertu régénératrice, qu’il sanctifie l’âme et l’embrase du feu de l’amour divin. Mais, dit le P. Patrizzi, baptiser doit s’entendre ici dans un sens figuré et plus large. Jean-Baptiste annonce ce que Notre-Seigneur lui-même promettra à ses disciples avant de les quitter : « Jean a baptisé dans l’eau, mais vous, vous serez baptisés dans l’Esprit-Saint sous peu de jours. » (Act., i, 5 ; comp. Act., x, 44-48), le jour de la Pentecôte. Il s’agit donc ici, non pas uniquement du sacrement de baptême, mais du don de l’Esprit-Saint substantiellement répandu dans les âmes, pour nous rendre justes et les fils adoptifs de Dieu, « grand et merveilleux bienfait, accordé aux hommes pour la première fois après que le Fils de Dieu fait homme fut descendu du ciel pour leur salut, comme le fruit de sa venue, de ses mérites et de son sang, et inconnu aux justes de l’ancienne loi, à qui l’Esprit-Saint n’avait pas encore été donné, parce que Jésus-Christ n’avait pas encore été glorifié, Jean, vii, 39. » (Pétau, de Trinit., VIII, iv, § 5). Le feu, c’est la divine charité : comparez Luc, xii, 49, 50.