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Page:Augustin Crampon - Les quatre Evangiles, Tolra et Haton, 1864.djvu/92

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14 Alors les disciples de Jean vinrent le trouver, et lui dirent : Pourquoi, tandis que les Pharisiens et nous, nous jeûnons souvent[1], vos disciples ne jeûnent-ils pas ? Jésus leur répondit : Les amis de l’Époux[2] peuvent-ils s’attrister pendant que l’Époux est avec eux ? Mais viendront des jours où l’Époux leur sera enlevé, et alors ils jeûneront. Personne ne met une pièce d’étoffe neuve à un vieux vêtement ; car elle emporte du vêtement tout ce qu’elle recouvre, et la déchirure devient plus grande. On ne met pas non plus de vin nouveau dans des outres vieilles ; autrement, les outres venant à se rompre, le vin se répand et les outres sont perdues. Mais on met le vin nouveau dans

    amour plus fort l’innocence qui ne s’est jamais démentie, et l’honore d’une familiarité plus étroite ; quelque grâce qu’aient à ses yeux les larmes d’un pénitent, elles ne peuvent jamais égaler les chastes agréments d’une sainteté toujours fidèle. Tels sont les sentiments de Jésus selon sa nature divine ; mais il en a pris d’autres pour l’amour de nous, quand il s’est fait notre Sauveur. Comme Sauveur, dit-il, je dois chercher ceux qui sont perdus ; comme Médecin, ceux qui sont malades ; comme Rédempteur, ceux qui sont captifs… De la même manière qu’un médecin, comme homme, il se plaira davantage à converser avec les sains, et néanmoins comme médecin, il aimera mieux soulager les malades. Ainsi ce médecin charitable, certainement comme Fils de Dieu, il préfère les innocents, mais en qualité de Sauveur, il recherchera plutôt les criminels.

  1. Saint Luc (xviii, 12) nous apprend que les Pharisiens jeûnaient deux fois la semaine. Il devait en être à peu près de même des disciples de Jean-Baptiste, le prédicateur de la pénitence ; peut-être même, pendant la captivité de leur maître, multipliaient-ils leurs jeûnes en signe de deuil.
  2. Ses compagnons, appelés par les Grecs paranymphes, qui escortaient l’époux le jour de ses noces, et lui rendaient toutes sortes d’honneurs et de services. Jean-Baptiste lui-même avait donné à Notre-Seigneur le nom d’Époux (Jean, iii, 29) ; l’Épouse, c’est l’Église, sans tache, ni ride, dit saint Paul, mais sainte et immaculée ; c’est aussi chaque âme fidèle en particulier. — Dans les siècles passés, l’Église jeûnait plusieurs fois la semaine, en mémoire de la douleur que la retraite (mort et sépulture) de son divin Époux lui avait causée. Il nous en reste encore l’abstinence du vendredi et du samedi.